Ressources pour le cours d'économie en Prépa ECG1 (aspects économiques du programme d'HGG)

 

 

Présentation générale

Le cours d’économie a pour objectif de doter les étudiants de connaissances qui leur permettront de mieux saisir les enjeux économiques attachés au programme d'Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain (HGG).

Module 1 : L’analyse économique : démarche, grands courants et thèmes centraux

  • Chapitre 1 : Introduction aux raisonnements et méthodes en économie
    • I. Les modèles de l'analyse économique
      • Toute analyse repose sur une modélisation, c'est-à-dire sur une simplification de la réalité (complexe) que l'on cherche à appréhender. L'analyse économique a eu tendance, au fil de son histoire, à s'orienter vers une modélisation mathématique. Par exemple, analyser la croissance économique, c'est d'abord rechercher ses causes, ce qui peut amener à dégager comme causes essentielles : l'évolution des ressources productives disponibles (ressources naturelles, main d'oeuvre, capital technique) et le progrès technologique. L'étape suivante peut être la mesure de ces causes et l'établissement d'une relation quantifiable avec une mesure de la croissance économique. L'issue est alors une approche de la croissance économique reposant sur la fonction de production Y=A.Kα.Lβ.
        Une telle démarche a plusieurs avantages. Elle favorise une analyse relativement générale voire offrant une portée universelle, c'est-à-dire valable à toute période et pour tout espace économique (par exemple, pour tout pays). Elle offre aussi une visée prospective (l'évolution de telle variable explicative implique une évolution future de la variable expliquée) et permet à l'analyse de devenir prescriptive, rendant ainsi à une demande sociale caractérisant l'analyse économique (la société attend de l'analyse économique qu'elle apporte des prescription de politiques économiques).
        Elle a aussi des inconvénients. D'une part, certaines causes sont associées à des phénomènes fondamentalement qualitatifs, qui ne peuvent être réduits à des variables quantifiables qu'au prix de simplifications excessives. D'autre part, la simplification et l'abstraction impliquées par la modélisation mathématique rendent la pertinence empirique et le rapport aux faits problématiques.
        La science économique vue par Jean Tirole (Prix Nobel d'économie 2014) (vidéo 5:25)
    • II. Le rapport aux faits
      • Partons de ce que nous dit Jean Tirole : "[...], avec ce modèle, qui n'est [...] jamais [une représentation exacte] de la réalité, on essaie de le tester. On le teste de trois manières : soit on a des données historiques [...], soit on fait des expériences de laboratoire, soit on fait des expériences sur le terrain. Et donc, on essaie de savoir si notre théorie est à peu près juste, et si elle ne l'est pas, évidemment, il faut changer la théorie elle-même et revenir un peu aux hypothèses [...]".
      • Le travail sur "les données historiques" consiste à s'appuyer sur les données (quantifiées) recueillies dans l'environnement économique réel pour tester la validité du modèle dans son ensemble ou des différents éléments qui le composent. Par exemple, supposons, qu'au sein de notre modèle, il est posé que C=f(Y), c'est-à-dire que le niveau de la consommation est fonction (croissante) du celui du revenu (disponible) des ménages, autrement dit que le niveau de revenu est la variable explicative (la cause) du niveau consommation (variable expliquée, conséquence). La technique la plus évidente pour tester cette hypothèse consiste d'abord à déterminer s'il possible d'observer une corrélation entre le niveau de la consommation du revenu et celui du revenu (document 6). Une des principales limites de cette méthode réside dans la difficulté à révéler l'existence d'une causalité, au-delà de la corrélation observée. Ainsi, la corrélation existante entre la consommation des ménages et le pouvoir d'achat du revenu disponible en France depuis 1960 (document 6) ne permet pas, à elle seule, de valider la causalité supposée au sein de notre "modèle" allant du revenu vers la consommation. Il est en effet tout à fait possible qu'une causalité inverse soit (aussi) à l'oeuvre, une augmentation de la consommation étant susceptible de stimuler l'activité économique (le Produit Intérieur Brut, PIB) donc le revenu des ménages.
        La méthode expérimentale consiste à observer les comportements (économiques) dans un environnement contrôlé. Elle permet de résoudre une autre difficulté importante du travail sur données historiques, à savoir le risque qu'un phénomène économique soit dû à des causes inobservables ou inenvisagées par l'économiste. Le contrôle de l'environnement permet au contraire d'agir uniquement sur les causes testées, donc d'en déduire, de manière quasi certaine, l'existence ou non de la causalité supposée. Les expériences de laboratoire garantissent un contrôle quasi parfait de l'environnement des individus. La limite principale de cette méthode réside dans les doutes légitimes relatifs à la "validité externe" des résultats obtenus : le contexte du laboratoire ne serait-il pas trop artificiel pour pouvoir reproduire les comportements qui sont ceux des individus dans leur environnement réel ? Les expériences de terrain, dont les expériences dites "naturelles", peuvent prétendre constituer un compromis entre la recherche de contrôle de l'environnement (nécessairement moins bon qu'en laboratoire) et la recherche de validité externe (a priori meilleure qu'en laboratoire). C'est dans ce cadre que, par exemple, l'étude de Duflo et al. (2012) conclut à l'efficacité des incitations financières pour lutter contre l'absentéisme des enseignants au Rajasthan dans les années 2000 (document 1) ; question : peut-on en déduire que les incitations financières luttent efficacement contre l'absentéisme des enseignants en tous temps et en tous lieux ?
  • Chapitre 2 : Éléments d'histoire de la pensée économique
      • Support : la fresque d'histoire de la pensée économique du site citeco.fr
      • Il est habituel de distinguer : 1) les "prémices" de la pensée économique, renvoyant à des réflexions économiques partielles (ex : les fonctions de la monnaie chez Aristote), 2) les "précurseurs", renvoyant à des courants de pensée orientés vers les questions économiques, sans cependant offrir une analyse générale du fonctionnement des économies modernes (ex : les mercantilistes et les physiocrates), 3) la pensée économique moderne naissant avec l'ouvrage d'Adam Smith, La Richesse des Nations (1776), fondateur du courant classique.
    • I. Des classiques aux néoclassiques
      • Outre Adam Smith (la main invisible), les grandes figures du courant classique sont David Ricardo (Principes (1817) : libre-échange et avantages comparatifs, croissance économique et état stationnaire), le "pessimiste" Robert Malthus (le "principe de population", la possibilité des crises) et Jean-Baptiste Say (Traité d'Economie Politique (1803) : la "loi" de Say ou loi des débouchés et l'impossibilité des crises de surproduction généralisées). Malgré les nuances qui peuvent apparaître chez certains auteurs, le courant classique pose les bases d'une justification du laisser-faire, sur le plan interne comme sur le plan externe (libre-échange), et constitue donc la référence première des idées économiques libérales qui se retrouveront ultérieurement au sein du courant néo-classique.
      • Le courant néo-classique nait au début des années 1870 avec les contributions indépendantes et quasi simultanées de Carl Menger, Léon Walras et Stanley Jevons. La démarche de ces auteurs est hypothético-déductive et microéconomique : il s'agit de déterminer les conditions précises (hypothèses) pour qu'une économie (abstraite), au sein de laquelle des individus interagissent et se coordonnent via (uniquement) des relations marchandes, ait les "bonnes" caractéristiques, c'est-à-dire, pour le dire vite, celles que les classiques considéraient représenter les économies de marché concrètes (rq : le statut, positif ou normatif, de la théorie néo-classique est l'objet de débats). Il s'agit plus spécifiquement de déterminer les conditions pour que, conformément à la loi de Say et à la main invisible, une économie de marchés concurrentiels soit en équilibre et efficiente. Les deux piliers de cette "économie néo-classique" vont être : 1) le modèle de l'homo oeconomicus, 2) le modèle de la concurrence parfaite.
        L'homo oeconomicus est un individu parfaitement rationnel et à la recherche de son intérêt personnel, la rationalité étant définie par l'adéquation des moyens à des fins données.
        La concurrence (pure et) parfaite repose sur 5 conditions : l'atomicité, l'homogénéité des produits, la libre-entrée et la libre sortie, la transparence, la mobilité parfaite des facteurs de production. (voir le document 2 pour des exemples de marchés pas du tout parfaits !).
        Le développement du courant néo-classique au XXe siècle est marqué par l'apparition de sous-courants, reprenant parfois l'approche microéconomique initiée par les premiers néo-classiques (cas des travaux d'Arrow et de Debreu sur la théorie de l'équilibre général), ou adoptant une approche macroéconomique (cas du courant monétariste et de son chef de file Milton Friedman) voire une approche macroéconomique à fondements microéconomiques (cas des nouveaux classiques tels que Robert Lucas).
    • II. L’analyse keynésienne
      • Les travaux de John Maynard Keynes apparaissent dans l'Entre-Deux guerres. Son ouvrage majeur est la Théorie Générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936). L'analyse keynésienne repose d'abord sur le rejet de la loi de Say ("l'offre crée sa propre demande"), donc sur l'affirmation que les fluctuations de l'activité économique (récessions, expansions) s'expliquent par les évolutions de la demande (consommation mais surtout investissement). De plus, en cas d'insuffisance de la demande (liée notamment à un "climat des affaires" déprimé), le retour à l'équilibre de plein-emploi ne se fait pas automatiquement mais nécessite des politiques de relance de la demande.
        Le rejet de la loi de Say et le fait que le laisser-faire ne permette pas la résorption des déséquilibres (en particulier du chômage) vont constituer le coeur de la théorie keynésienne dans le courant de la synthèse (Hicks, Samuelson) ainsi que, dans une certaine mesure, chez les nouveaux keynésiens (Stiglitz).
        Parallèlement, la Théorie générale de Keynes insiste également sur une autre caractéristique de l'économie de marché, à savoir son instabilité. Cette instabilité est liée à l'incertitude, considérée comme inhérente à l'économie de marché et impliquant la succession de vagues d'optimisme et de pessimiste, notamment sur les marchés financiers. Cet aspect de la pensée de Keynes sera repris et développé par les post-keynésiens. Conduisant à une vision plus radicale des dysfonctionnements de l'économie de marché, les travaux des post-keynésiens sont souvent considérés comme hétérodoxes.
    • III. Les courants hétérodoxes
      • L'hétérodoxie en économie est assez difficile à circonscrire de manière précise et le champ des idées dites hétérodoxes évolue au cours de l'histoire de la pensée. Quelques critères peuvent toutefois servir de repères.
        D'abord le rapport à la notion d'équilibre, avec des courants orthodoxes considérant l'équilibre économique comme l'état normal, souhaitable de l'économie et des courants hétérodoxes considérant que le déséquilibre est la règle (Schumpeter).
        Ensuite, la question des modes de coordination, plus précisément celle du rôle des rapports sociaux et politiques relativement au rôle des rapports marchands (coordination par les prix). Les courants orthodoxes centrent l'analyse sur les rapports marchands. L'accent mis sur l'importance des rapports sociaux et politiques est en revanche une caractéristique fréquentes des courants hétérodoxes (le marxisme et les classes sociales, l'Ecole de la Régulation...).
      • Economistes : pluralisme ou sens unique ? (invité : André Orléan ; vidéo 28:04)
  • Chapitre 3 : Les analyses économiques de la croissance et des crises
    • Introduction.
      • La science économique distingue généralement l'analyse de la croissance économique et celle des crises et fluctuations. La croissance économique est un phénomène de (très) long terme : la définition couramment retenue est celle de François Perroux ("l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels"). Les crises et fluctuations renvoient généralement, au contraire, au phénomène de court-moyen terme que constituent les évolutions de l'activité économique autour de la tendance de long terme (expansions, récessions). Dès lors, les facteurs explicatifs de la croissance économique, d'une part, et des crises et fluctuations, d'autre part, sont le plus souvent distincts.
    • I. Les facteurs de la croissance économique
      • La distinction entre croissance extensive et croissance intensive permet une première approche des facteurs de la croissance économique.
        Une croissance extensive repose sur une augmentation des quantités de facteurs de production (capital, travail).
        Une croissance intensive repose quant à elle sur une amélioration de l'efficacité dans l'utilisation des facteurs de production (augmentation de la productivité). Les éléments favorisant des gains de productivité sont à la fois très divers et, le plus souvent, difficiles à mesurer quantitativement (ce qui peut justifier de les considérer sous la forme d'un "résidu"). Parmi ces éléments, deux ont retenu une attention particulière dans l'analyse économique : le progrès technique et les institutions.
        Des institutions ("ensemble de règles communément admises au sein d'un espace économique donné et des moyens de faire respecter ces règles") peuvent constituer des contraintes sur les initiatives individuelles et, ainsi, nuire à la croissance économique. Mais les "bonnes" institutions permettent de réduire l'incertitude, créant ainsi un effet incitatif sur l'investissement ou l'innovation, et d'améliorer l'efficacité de la coordination entre les agents économique. Alors que l'orthodoxie néo-classique tend à réduire les institutions fondamentales pour la croissance économique (notamment dans les pays en développement) à la garantie du droit de propriété et du respect des contrats (Etat de droit), d'autres auteurs, tels que Rodrik ou, dans ses travaux récents, North élargissent la gamme des "bonnes" institutions et remettent en cause leur universalité (voir le document 3).
      • Dans quelle mesure l'analyse économique permet-elle d'éclairer les phases de croissance économique observées historiquement ? La démarche abstraite et, souvent, universaliste de l'analyse économique peut sembler peu à même d'expliquer des phénomènes concrets de croissance économique. Pourtant, c'est souvent en s'appuyant sur les causes générales de la croissance dégagées par l'analyse économique que l'on peut analyser de manière structurée et cohérente de tels phénomènes pouvant apparaître au premier abord comme marqués par leur hétérogénéité et leurs spécificités.
        Prenons l'exemple de la croissance française des trente glorieuses (5% par an en moyenne). Il est d'abord à noter que, sur une telle période relativement courte (une vingtaine d'année), la demande (consommation, investissement, exportations, dépenses publiques), est susceptible de jouer un rôle, alors que les théories de la croissance économique, qui raisonnent sur un (très) long terme, ne s'intéressent généralement qu'aux facteurs relatifs à l'augmentation et à l'amélioration de l'efficacité de l'offre. C'est ainsi que la croissance française des trente glorieuses a pu, en partie, être "tirée" par l'intensité de la consommation (la société de consommation de masse de produits standardisés, influencée par l'american way of life), la dynamique de l'investissement (alimentée notamment par un développement des possibilités de crédit), la croissance des exportations (dans le cadre d'un développement commerce mondial favorisé notamment par les accords du GATT) et celle des dépenses publiques (sous l'impulsion d'un Etat-providence impliquant un interventionnisme étatique important dans les domaines économique et social).
        Parallèlement, de nombreuses caractéristiques de cette période ont pu jouer un rôle dans l'amélioration de l'efficacité de l'offre (autrement dit, les gains de productivité globale des facteurs). Nous pouvons, pour simplifier et en nous appuyant sur ce qui se fait dans l'analyse économique, distinguer deux grandes catégories de causes : celles relatives au progrès technique et celles relatives aux institutions.
        Concernant le progrès technique (entendu ici comme l'amélioration des connaissances relatives à la production), les trente glorieuses coïncident avec la diffusion et le développement d'innovations majeures apparues principalement à la fin du XIXe siècle (Seconde Révolution industrielle) : transport aérien, automobile, télécommunications, organisation du travail (taylorisme-fordisme), électronique domestique.
        Du côté des institutions, l'Ecole de la régulation nous offre une typologie des institutions permettant d'appréhender de manière structurée la multitude de règles (explicites ou tacites) guidant les décisions et régissant les interactions entre acteurs ou groupes sociaux, et contribuant ainsi à une coordination cohérente et efficace, support de cette période de croissance exceptionnelle. L'Ecole de la régulation distingue "5 formes institutionnelles" : le régime monétaire, les formes de la concurrence, les formes de l'Etat, les formes du rapport salarial et les formes de l'insertion dans l'économie mondiale. On pourra ainsi retrouver quelques caractéristiques de l'organisation économique et sociale qui ont marqué la période de l'"âge d'or":
        - un financement de l'économie reposant sur une politique monétaire et un système bancaire en partie dirigé par l'Etat tournés vers la croissance (rôle du crédit),
        - une concentration industrielle favorisant l'investissement le rattrapage technologique,
        - un Etat-providence favorisant la croissance, l'emploi et le progrès social,
        - un rapport salarial reposant sur la négociation collective, le poids des syndicats, l'organisation du travail taylorienne-fordiste (le compromis salarial fordiste) contribuant au développement de la consommation de masse,
        - la participation au multilatéralisme reposant sur les institutions internationales de l'après Seconde Guerre mondiale (GATT, système monétaire international de Bretton Woods) et organisant le développement des échanges internationaux sur une base coopérative.
      • Un article sur Douglass North et les institutions (à lire).
    • II. Les crises et les fluctuations
      • Les crises économiques se définissent comme un moment de retournement à la baisse de la dynamique économique, caractérisé principalement par une recul de la croissance, voire une diminution, du PIB et une montée du chômage. Quand elles touchent simultanément un assez grand nombre de pays, elles sont également caractérisées par un recul des échanges internationaux, en particulier du commerce international. Elles s'accompagnent le plus souvent d'un ralentissement de la croissance du niveau général des prix (désinflation), voire d'une diminution du niveau général des prix (déflation) ; mais peuvent aussi s'accompagner d'un surcroît d'inflation ("stagflation").
      • Il faut distinguer les crises financières qui concernent la sphère bancaire et financière (crises bancaires, krachs boursiers, crises de la dette, crises de change) et les crises économiques (sphère réelle), bien que les crises financières amènent à des crises économiques.
        Il faut également distinguer les crises conjoncturelles ("petites crises") et les crises structurelles ("grandes crises"). A la différence des premières, les secondes s'accompagnent de mutations (remises en cause) des structures et des institutions économiques et, en conséquence, s'opèrent sur un temps relativement long. Les 4 grandes crises depuis la révolution industrielle sont : la Grande dépression de la fin du XIXe siècle, la Grande dépression des années 1930, la crise des années 1970, la Grande récession de 2008.
      • Au sein de la théorie économique, les courants orthodoxes considèrent que les crises économiques sont évitables, même s'ils s'opposent sur leurs causes, avec pour conséquence une opposition sur l'organisation économique permettant de les éviter : le laisser-faire pour les classiques et néo-classiques, les politiques de régulation de la conjoncture pour les keynésiens. Les courants hétérodoxes, quant à eux, considèrent, pour bon nombre d'entre eux, que les crises économiques sont inéluctables : analyse marxiste, Ecole de la Régulation, analyse schumpétérienne.
        Dans le cas de Schumpeter, les crises sont non seulement inévitables mais également bénéfiques car elles sont liées à la dynamique de l'innovation, elle-même source de la croissance économique. L'analyse de Schumpeter est une analyse en termes de cycles longs (les cycles "Kondratieff" d'une durée moyenne de 50 ans) : la crise est le point de retournement du cycle suivant la phase d'expansion (environ 25 ans) et ouvrant une phase de dépression (25 ans également en moyenne). Les 5 cycles longs depuis la Révolution industrielle s'expliquent par les innovations majeures dont la diffusion et les effets d'entraînement expliquent la phase d'expansion, leur épuisement amenant à une crise structurelle.
      • La crise de 1929 permet d'illustrer les différents clivages théoriques portant sur les causes des crises et, par voie de conséquence, sur les solutions à apporter.
        L'analyse classique et néo-classique repose, rappelons-le, sur la loi de Say, donc sur l'idée que les crises de surproduction généralisées sont impossibles dans une économie de marché. Des chocs exogènes (changements dans les goûts des consommateurs, innovations, guerres, aléas climatiques, etc.) peuvent déstabiliser l'économie et impliquer un retournement de la conjoncture mais : 1) les crises sont nécessairement symétriques et localisées (si un secteur d'activité se trouve en déclin, un autre se trouve nécessairement expansion), 2) la résorption des crises se fait naturellement (mécanismes de marché) et d'autant plus rapidement que les mécanismes de marché ne sont pas entravés et peuvent ainsi permettre la mobilité des facteurs de production des activités en déclin (débouchés insuffisants) vers les activités en tension (pénurie de moyens de production). C'est dans ce cadre, que l'analyse (néo-)classique interprète la dépression des années 1930 : la crise de 1929 aurait dû se résorber rapidement si des rigidés n'avaient pas entravé les ajustements de marché. Notamment, la rigidité à la baisse des salaires, dans un contexte de chute des prix (déflation), aurait pesé négativement sur la rentabilité de l'offre (marges, profits), donc sur l'investissement. Si cette explication était pertinente, sans doute ne parlerions-nous pas encore aujourd'hui de "révolution" keynésienne... Cependant, l'analyse proposée par Milton Friedman dans les années 1960 va être reconnue comme pertinente tout en restant dans un cadre néo-classique niant toute défaillance qui serait inhérente à l'économie de marché elle-même. Cette analyse, monétariste, repose en effet sur l'idée d'une erreur de politique monétaire commise par la Fed. Le krach boursier (et le mécanisme des call loans) ayant entraîné une multiplication des faillites bancaires (notamment en 1931), le crédit s'est fortement contracté et, avec lui, la masse monétaire, donc l'intermédiaire des échanges sans lequel les transactions ne peuvent se réaliser : cette contraction ayant été mal appréhendée par la Fed (politique monétaire restrictive), le retournement conjoncturel que constitue la crise de 1929 se transforme en une déflation et une dépression longues.
        L'explication keynésienne de la dépression des années 1930 est évidemment très différente. Selon le modèle de Keynes, l'économie de marché est intrisèquement menacée par l'insuffisance de la demande impliquant une chute de l'activité et une montée du chômage. Et lorsque cette insuffisance se manifeste (notamment par un retournement des anticipations engendrant une dégradation du climat des affaires), il n'existe aucun mécanisme de marché relançant "naturellement" l'économie et ramenant celle-ci à l'équilibre de plein-emploi, contrairement aux idées (néo-)classiques, dominantes à cette époque ("la reprise est au coin de la rue"). Seules des politiques monétaires et budgétaires de relance peuvent sortir l'économie de la crise. Puisque plusieurs mesures prises aux Etats-Unis dans le cadre du New Deal ont produit un tel effet de relance de la demande, il apparaît cohérent, du point de vue keynésien, que la reprise se manifeste dans ce pays à partir de 1933. Et, si le bilan du New Deal est mitigé sur le plan économique (crise de 1937-38), c'est, toujours du point de vue keynésien (Paul Krugman, par exemple), parce que les politiques monétaires et, surtout, budgétaires n'ont pas été suffisamment expansionnistes.
        L'analyse de Keynes laisse cependant dans l'ombre un phénomène qui a pourtant joué un rôle important dans la dépression des années 1930 : le surendettement dans la phase précédent la crise et, une fois la crise déclenchée, le comportement de désendettement, conduisant à la "déflation par la dette". Le rôle de ce processus avait déjà été mis en évidence par Irving Fischer dans les années 1930. L'analyse du post-keynésien Hyman Minsky lui apporte des compléments essentiels (voir le Document 7).

Module 2 : Mondialisation(s), construction européenne, développement durable

  •  Chapitre 1 : Les mondialisations et les débats relatifs à l'ouverture internationale

La mondialisation est un processus d'interdépendance accrue des agents économiques au niveau mondial. Bien que dominé par les échanges commerciaux (mondialisation commerciale), ce processus englobe différentes composantes : mondialisation des firmes, globalisation financière, etc. Des phases de mondialisation s'observent depuis de nombreux siècles (notion d'économie-monde de Braudel). Il ne s'agit toutefois pas d'un processus continu (il existe des phases de "démondialisation"). Depuis la Révolution industrielle, il est fréquent de distinguer deux mondialisations (Suzanne Berger, Kevin O'Rourke) : l'une à la fin du XIXe siècle (des années 1870 à la Première Guerre mondiale) puis la deuxième à partir des années 1970-1980.

    • I. Causes et effets positifs attendus de l'ouverture commerciale
      • Le progrès technique, en améliorant les moyens de communication, est facteur essentiel, favorisant les échanges commerciaux et les mouvements internationaux de capitaux au cours des mondialisations. Le développement de la marine marchande à vapeur, des chemins de fer ou du télégraphe ont notamment joué un rôle important au cours de la première mondialisation. Dans le cas de la deuxième mondialisation, nous pouvons donner comme exemples la "révolution" des conteneurs à partir des années 1960 ou le développement de l'Internet à partir des années 1990.
      • La croissance économique et le développement des échanges commerciaux internationaux sont également très liés. Cependant, les causalités opèrent dans les deux sens. Une augmentation des quantités de biens (et de services) produits suscite, dès lors que l'économie n'est pas en autarcie, des importations et des exportations supplémentaires. Inversement, le développement du commerce international est susceptible de favoriser la croissance économique (voir plus loin les effets positifs attendus du commerce international).
      • La politique commerciale est souvent considérée comme un facteur clé du développement des échanges commerciaux internationaux. Cependant, si la corrélation entre politique d'ouverture commerciale et développement du commerce international est effectivement positive lors de la deuxième mondialisation (sous l'effet des négociations multilatérales engagées à partir des accords du Gatt de 1947), c'est au contraire dans un contexte de retour du protectionnisme qu'a lieu la première mondialisation (le XIXe siècle est en effet dominé par le protectionnisme, à l'exception du Royaume-Uni et de la période libre-échangiste qui s'ouvre avec le traité Cobden-Chevalier de 1860 et se referme à partir du tarif allemand de 1879).
      • Depuis les réflexions des économistes classiques, le principal gain supposé légitimer l'ouverture commerciale repose sur la spécialisation dans les activités dans lesquelles chaque pays est le plus efficace (production à un coût moindre), conduisant à une "division internationale du travail" (DIT) optimale. Déjà mis en avant par Adam Smith (théorie des avantages absolus), cet avantage apporté par commerce international a été développé par David Ricardo et sa théorie des avantages comparatifs. Son argumentation repose sur l'exemple célèbre du drap et du vin au Portugal et en Angleterre. Le Portugal a un avantage absolu dans la production des deux biens (la production d'une certaine quantité de vin nécessite moins de travail qu'en Angleterre, de mêmepour la production de drap) mais un avantage relatif plus important dans la production de vin que dans la production de drap : en se spécialisant dans la production de vin et en important du drap de l'Angleterre, le Portugal obtient un meilleur résultat (en termes de consommation par tête) qu'en l'absence d'échange commercial, du fait du gain d'efficacité lié à l'affectation de tous ses facteurs de production à l'activité productive pour laquelle il est relativement le plus efficace. Selon Ricardo, les avantages comparatifs des pays s'expliquent par des différences de technologies (considérées comme des caractéristiques "naturelles" des pays). En l'absence de différences de technologies, les avantages comparatifs peuvent provenir de différences de dotations factorielles (quantités relatives de capital physique, de travail, de ressources naturelles, de capital humain, etc.) : chaque pays se spécialise alors dans la production des biens (relativement) intensifs en facteur de production (relativement) abondant dans le pays. Dans tous les cas, la théorie des avantages comparatifs tend à conclure en faveur du libre-échange (l'ouverture commerciale semble ne faire que des gagnants).
      • A côté des avantages comparatifs, l'autre effet important attendu de l'ouverture commerciale sont les économies d'échelle : l'ouverture commerciale, en étandant le marché, augmente les quantités produites ce qui permet de diminuer les coûts unitaires de production, et les prix s'établissant sur les marchés. Ce gain d'efficacité issu de l'ouverture commerciale est au coeur des "nouvelles théories de commerce international" dont le chef de file est Paul Krugman (prix Nobel 2008). Comme le souligne Krugman (voir le document 8), ce commerce reposant sur les économies d'échelle (ou rendements croissants) est caractéristique du commerce mondial après la Deuxième guerre mondiale (et jusque dans les années 1970-80) car le commerce international est alors dominé par des échanges "similaires-similaires" (produits similaires, pays similaires) : des échanges intra-branches de produits manufacturés (branches pour lesquelles les rendements sont généralement croissants) entre pays développés à économie de marché.
    • II. Les autres composantes de la mondialisation (firmes multinationales et globalisation financière)
      • La mobilité accrue des capitaux (notamment du fait de la levée des obstacles réglementaires aux entrées et sorties de capitaux) favorise, pour les firmes, l'implantation de filiales à l'étranger. Les firmes peuvent ainsi exploiter les avantages comparatifs des pays en accédant à des facteurs de production non disponibles dans le pays d'origine ou disponibles à un prix plus élevé. Concernant l'accès aux matières premières, le choix de la localisation de la production près des lieux d'extraction peut être moins avantageux que le recours à l'alternative que constitue l'importation de ces matières premières (exemple : les fabricants de batteries préfèrent généralement importer du lithium plutôt de délocaliser leur production en Australie ou au Chili). En revanche, la recherche de coûts du travail faibles constitue une motivation importante de la délocalisation des firmes industrielles qui produisent des biens intensifs en travail non qualifié (cas du Bangladesh pour la confection textile, bien connu depuis la catastrophe du Rana Plaza en 2013) ; toutefois, certains facteurs interviennent aussi dans la prise de décision comme la qualité des institutions du pays d'accueil des investissements étrangers (risques d'instabilité politique, d'insécurité juridique...) et, de plus, les évolutions du coût du travail peuvent amener à de nouvelles délocalisations (cas du ralentissement des délocalisations vers la Chine, au profit du Vietnam ou du Cambodge, depuis l'accélération de la croissance des salaires à partir de 2005). Cette logique d'exploitation des avantages comparatifs par les firmes multinationales s'est traduite par la Division Internationale des Processus de Production (DIPP), appelée aussi déploiement des Chaînes de Valeur Mondiales : chaque étape de l'élaboration d'un produit est localisée dans le pays qui fournit de manière optimale les facteurs de production exigés à cette étape (capital humain, travail non qualifié, technologie, ressources naturelles, etc.). Une telle optimatisation de la production permise par la mondialisation des firmes est censée favoriser l'efficacité économique en abaissant les coûts de production.
      • voir l'exemple de l'I-phone
      • Comme pour les autres composantes de la mondialisation, les effets positifs attendus de la globalisation financière (définie comme un processus d’unification des marchés de capitaux au niveau mondial) sont une meilleure allocation des ressources. Plus précisément, l’allocation de l’épargne (offre de capitaux), ne s’effectuant plus à un niveau national ou régional mais à un niveau mondial, est censée se faire en faveur des investissements (demande de capitaux) les plus rentables, donc permettre un financement plus efficace de l’économie mondiale et, en conséquence, une croissance mondiale plus soutenue.
    • III. Les limites de la mondialisation et la question du protectionnisme
      • Les limites de la mondialisation s’appréhendent principalement sous l’angle de la répartition, de ses effets sur les inégalités. La mondialisation ne fait-elle que des gagnants ou des gagnants et des perdants ?
        Cette question est d’abord celle des inégalités entre les pays.
        Dans le cas des pays avancés, à côté des avantages tirés de l’accès à des produits moins coûteux qu’en économie fermée, la mondialisation s’est avérée avoir également des conséquences moins favorables pour ces pays. D’abord, elle est par définition synonyme de dépendance des pays à l’égard de l’extérieur. Une dépendance de l’activité économique de chaque pays aux exportations, qui peuvent s’affaiblir pour des raisons économiques (crises dans les pays de destination des exportations) ou géopolitiques (guerres par exemple). Une dépendance des économies nationales à l’égard des importations susceptible de se traduire par des difficultés d’approvisionnement en biens finis ou en biens intermédiaires (cas des ruptures dans les chaînes de valeurs mondiales liées à la crise sanitaire ou à la crise en Ukraine). Par ailleurs, la mondialisation a joué également un rôle important dans la désindustrialisation de ces pays. Si cette désindustrialisation n’a pas toujours été considérée comme néfaste, elle a été de plus en plus, à partir des années 2000, associée à des perspectives limitées de croissance économique (« stagnation séculaire »), dans la mesure où : 1) l’industrie est le secteur au sein duquel se réalisent l’essentiel des gains de productivité, 2) les gains de productivité réalisés dans un pays (les pays émergents en particulier) ne bénéficient que partiellement aux pays partenaires commerciaux.
        A l’autre bout de l’échelle, les gains tirés de la mondialisation par les pays les moins avancés (PMA) se sont avérés relativement limités et très variables selon les pays. L’ouverture commerciale implique en effet plusieurs types de risques susceptibles d’entraver le développement économique de ces pays.
        Cette idée avait déjà été mise en avant par Friedrich List au début de XIXe siècle dans la thèse en faveur d'un protectionnisme éducateur (protection des industries naissantes). Il s'intéressait plus particulièrement aux pays allemands, en "retard" dans le processus d'industrialisation comparativement à l'Angleterre. L'avance de l'Angleterre (en termes d'accumulation du capital et de technologies) se traduisait par une compétitivité supérieure des produits industriels anglais. Dès lors, un libre-échange avec l'Angleterre entraverait le développement des industries allemandes. Le protectionnisme éducateur est ainsi un protectionnisme temporaire : le libre-échange est instauré après la réalisation du rattrapage. Dans les faits, l'instauration du Zollverein en 1834 s'accompagnera effectivement d'un tarif douanier restrictif à l'égard des pays extérieurs à cette union douanière. Plus généralement, le "take-off" des pays d'Europe continentale et des Etats-Unis au XIXe siècle s'est réalisé dans le cadre de politiques protectionnistes.
        Dans la période plus récente, les pays en développement qui ont opéré un rattrapage (Corée du Sud à partir des années 1960, Chine à partir des années 1980) n'ont pas opté pour des politiques commerciales libre-échangistes. Cependant, leurs stratégies de développement n'ont pas non plus reposé sur une politique autarcique. Elles ont plutôt consisté en une ouverture contrôlée combinée à des politiques industrielles volontaristes, l'ensemble visant à favoriser le développement de l'industrie domestique, notamment en bénéficiant des ressources générées par les exportations qui permettent d'acquérir des biens d'équipement, et des transferts de technologie permis par les importations et les implantations de firmes étrangères (document 9).
        L'autre débat portant sur les gagnants et les perdants de la mondialisation est celui des effets de celle-ci sur les inégalités à l'intérieur des pays. Ce débat s'est focalisé plus particulièrement sur le rôle de la (deuxième) mondialisation dans la montée des inégalités de revenus et le chômage des travailleurs non qualifiés au sein des pays avancés. La théorie du commerce internationale développée par Heckscher, Ohlin et Samuelson (modèle HOS) permet d'interpréter le commerce international comme un échange implicite de facteurs de production : en important des biens intensifs en travail non qualifié en provenance des pays émergents (produits textiles fabriqués en Chine par exemple), les pays avancés utilisent indirectement le travail non qualifié (à faible coût du travail) de ces pays émergents. Les travailleurs non qualifiés des pays avancés sont donc mis indirectement, via l'ouverture commerciale, en concurrence avec ceux des pays émergents (et même plus directement si nous ajoutons la prise en compte les délocalisations permises par la mondialisation des firmes). La conséquence est une baisse de la demande de travail non qualifié dans les pays avancés, se traduisant par des baisses de salaire et du chômage pour cette catégorie de la population. Dans les années 1990, les études économétriques cherchant à expliquer la montée des inégalités de salaires concluaient à un rôle faible de la mondialisation commerciale : ces inégalités croissantes semblaient dues davantage à un progrès technique "biaisé en faveur du travailleur qualifié". Cette conclusion est notamment reprise dans l'ouvrage célèbre de Paul Krugman publié en 1998 et intitulé La Mondialisation n'est pas coupable. Cependant, les années 2000 ont été marquées par le développement accéléré de la place des pays émergents dans le commerce mondial ainsi que la croissance des déficits commerciaux des pays avancés vis-à-vis de ces pays émergents (ce qui a été appelé le "choc chinois"). Le rôle de la mondialisation (ou de "l'hypermondialisation") dans la montée des inégalités et le chômage dans les pays avancés a par conséquent été réévalué à la hausse, amenant notamment Paul Krugman, 20 ans après la publication de La Mondialisation n'est pas coupable, à traiter cette question : "Globalization: what did we miss?" (titre d'un article publié en 2018).
  •  Chapitre 2 : La construction européenne
    • I. De l'union douanière au marché unique
      • La typologie des formes et degrés d'intégration économique proposée en 1961 par Bela Balassa permet assez bien d'appréhender les grandes étapes de l'intégration européenne d'un point de vue économique : zone de libre-échange, union douanière, marché commun, marché unique puis union économique et monétaire. Après la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, 1951), la construction européenne s'accélère avec la signature du Traité de Rome (1957), créant la CEE (Communauté Economique Européenne) et programmant la création d'un marché commun. Zone de libre-échange dès 1957, la CEE devient une union douanière (tarif extérieur commun) en 1968. Parallèlement au processus d'intégration économique et commerciale, la construction européenne est aussi caractérisée par un processus d'élargissement, débutant en 1973 avec l'adhésion du Royaume-Uni, de l'Irlande et du Danemark (auxquels s'ajouteront, dans les années 1980, la Grèce en 1981, l'Espagne et le Portugal en 1986). Après une période de tensions (liées notamment à l'arrive de Margareth Thatcher au pouvoir au Royaume-Uni), l'intégration européenne connait un nouvel élan avec la signature de l'Acte unique en 1986, visant la création d'un marché unique. La formation d'un marché commun (libertés de circulation des biens, des services, des capitaux et des hommes) se heurte en effet à l'hétérogénéité des réglementations et législations nationales : la formation d'un marché unique (marché commun + harmonisation des règlementations) vise donc à rendre effectives les "quatre libertés". Cependant, malgré la signature du traité de Maastricht en 1992 et l'entrée en vigueur officielle du marché en unique en 1993 (création du l'Union européenne), le marché unique reste inachevé. Si la formation d'un marché unifié des capitaux en Europe connait des avancées importantes dès les années 1980 (liberté totale de circulation des capitaux dès 1990), les marchés du travail restent largement nationaux (malgré des évolutions, par exemple, dans la reconnaissance mutuelle des diplômes ou la possibilité de recourir à des "travailleurs détachés").
      • Après ce bref historique de l'intégration économique et commerciale européenne (et de l'élargissement), reste à analyser les effets économiques, attendus et effectifs, de cette intégration.
    • II. L'intégration monétaire
  • Chapitre 3 : Le développement durable
    • I. La croissance économique est-elle soutenable ?
    • II. Les instruments de la politique environnementale

Document 1.

Duflo, Hanna et Ryan (2012) se penchent quant à eux sur l'absentéisme des enseignants et proposent une expérimentation originale pour essayer de l'endiguer. En septembre 2003 en Inde, l'ONG Seva Mandir désigne aléatoirement 57 écoles pour faire partie du groupe test et 56 pour faire partie du groupe témoin dans la région d'Udaipur, au Rajasthan. Dans le premier groupe un appareil photo (qui date les clichés pris de manière inviolable) est remis à chaque instituteur. Pour être comptabilisé comme présent (les registres des écoles étant parfois falsifiés), il doit être pris en photo avec ses élèves au début et à la fin de chaque journée de classe, les deux photos devant être espacées d'au moins cinq heures. L'enseignant est payé en fonction du nombre de jours où il a été présent en classe dans le mois. Ceux du groupe témoin touchent, eux, un salaire fixe. Les résultats en termes de présence sont sans appel : l'absentéisme diminue de 21 points à la suite de ce programme (le taux de présence est de 58% dans le groupe de contrôle, contre 79% dans le groupe test). Des mesures quatre années après le lancement du programme, qui perdure, montrent que l'impact positif est toujours présent. Grâce à un protocole ingénieux, les auteurs arrivent à montrer que l'accroissement de la présence des instituteurs provient bien des incitations financières, et non de la simple vérification de leur présence grâce à l'appareil photo. De plus, le fait que les enseignants soient davantage présents dans les écoles du groupe test a un impact sur le niveau des élèves aux tests scolaires de fin d'année, qui est sensiblement plus élevé que celui du groupe témoin. Cette expérimentation pose des questionnements éthiques sur lesquels nous reviendront en fin d'ouvrage.

Source : Jatteau A., Les expérimentations aléatoires en économie, Repères, La Découverte, p.54.

Document 2 : Tereos, à la fois un monopole et un monopsone à La Réunion !

1) Le monopole sur le marché de la mélasse (et la sanction pour abus de position dominante)
La mélasse est un produit qui résulte de la production du sucre de canne. Elle est notamment utilisée par les distilleries de La Réunion pour produire de l’alcool, et tout particulièrement du rhum traditionnel (ou rhum de sucrerie).
Tereos Océan Indien (TOI) possède les deux seules sucreries actives à La Réunion. Elle est, à ce titre, le seul fournisseur de mélasse produite à partir de canne à sucre locale. Or cette mélasse est indispensable pour chacune des trois distilleries de l’île, afin qu’elles puissent produire, sous indication géographique contrôlée, le Rhum de La Réunion.
Dans ses contrats, TOI a inséré deux clauses limitant la faculté des distilleries de sortir de leur relation contractuelle avec l’entreprise sucrière :
- la première clause fixe une indemnité financière de 5 millions d’euros pour la distillerie souhaitant dénoncer le contrat ;
- la seconde clause limite la capacité des distilleries de revendre la mélasse sur le marché réunionnais. [...]
Ces pratiques sont graves. Les clauses insérées ont donné un caractère quasi-perpétuel au contrat. Les pratiques ont, par ailleurs, porté sur une part importante du marché de la mélasse locale vendue aux distilleries (90 à 95 %), et elles ont duré 8 ans, de la date de signature du contrat en décembre 2012 à juillet 2020, date à laquelle les griefs ont été notifiés. [...]
Compte tenu de l’ensemble de ces éléments, l’Autorité a prononcé une sanction de 750 000 euros à l’encontre de Tereos Océan Indien.
Source : Autorité de la concurrence, 3 novembre 2021.

2) Le monopsone sur le marché de la canne
Ce lundi matin, lors des premières livraisons, les planteurs se sont vu imposer une charte non conforme selon la CGPER [Confédération Générale des Planteurs et Eleveurs de La Réunion], qui dénonce l’attitude et la position dominante de l’usinier Téréos dans un courrier adressé au préfet de La Réunion :
Monsieur Le Préfet,
Nous avons la difficile mission et l'honneur d'attirer votre attention sur la «SCANDALEUSE ATTITITUDE DU SEUL USINIER DE LA REUNION» Téréos qui cherche une fois de plus la confrontation brutale avec les planteurs et le blocage des livraisons de cannes.
Après deux semaines d'atermoiements liés à la position dominante de l'Usinier TEREOS, et pour donner suite à leur demande extravagante de changer le protocole de campagne, les planteurs sont une nouvelle fois victime de l'Usinier.
Ce matin lors des premières livraisons des planteurs Téréos; cherche à imposer une charte de livraison à chaque planteur se présentant aux balances de ses usines et ce avant l'échantillonnage du CTICS [Centre Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre] sur lequel la profession s'est entendue, après deux semaine de perte de temps inutile et qui a déjà pénalisé ceux qui avait coupé leur canne en prévision de l'ouverture de la Campagne sucrière...
Source : Zinfos974, 6 juillet 2020.

Document 3 : la typologie des institutions de Dani Rodrik et la question de l'universalité des "bonnes" institutions

La plupart des travaux récents sur les institutions et la croissance économique insistent sur l’importance d’un groupe particulier d’institutions, à savoir celles qui protègent les droits de propriété et qui garantissent l’exécution des contrats. On pourrait les appeler institutions créatrices de marchés, puisqu’en leur absence, les marchés n’existent pas ou fonctionnent très mal. Mais le développement économique à long terme exige plus qu’une simple stimulation de l’investissement et de l’esprit d’entreprise. Il faut aussi mettre en place trois autres types d’institutions pour soutenir la dynamique de croissance, renforcer la capacité de résistance aux chocs et faciliter une répartition des charges socialement acceptable en cas de chocs.
On pourrait parler d’institutions :
• de réglementation des marchés, qui s’occupent des effets externes, des économies d’échelle et des informations imparfaites. Ce sont, par exemple,
les organismes de réglementation des télécommunications, des transports et des services financiers.
• de stabilisation des marchés, qui garantissent une inflation faible, réduisent au minimum l’instabilité macroéconomique et évitent les crises financières. Ce sont, par exemple, les banques centrales, les régimes de change et les règles budgétaires.
• de légitimation des marchés, qui fournissent une protection et une assurance sociales, organisent la redistribution et gèrent les conflits. Ce sont, par exemple, les systèmes de retraite, les dispositifs d’assurance chômage et autres fonds sociaux.[...]
En fait, il est de plus en plus évident que les dispositifs institutionnels souhaitables sont largement influencés par des spécificités contextuelles qui résultent de différences historiques, géographiques et politico-économiques, entre autres conditions initiales. Ceci expliquerait pourquoi les pays en développement qui obtiennent de bons résultats combinent presque toujours des politiques conventionnelles et non conventionnelles. L’Asie de l’Est a combiné une politique orientée vers l’extérieur et une intervention dans l’industrie. La Chine a greffé une économie de marché sur une économie planifiée plutôt que d’éliminer totalement la planification centrale. L’île Maurice a mis en place des zones franches industrielles plutôt que d’opérer une libéralisation générale. Même le Chili a combiné une réglementation des mouvements de capitaux et une politique économique plutôt conventionnelle par ailleurs. Ces variations pourraient aussi expliquer pourquoi des différences institutionnelles majeures — dans le rôle du secteur
public, la nature des systèmes juridiques, le gouvernement d’entreprise, les marchés de capitaux, le marché du travail et les dispositifs d’assurance sociale, entre autres — persistent dans les pays avancés d’Amérique du Nord et d’Europe occidentale, ainsi qu’au Japon. En outre, il se peut que des choix institutionnels qui donnent de bons résultats dans un pays soient inappropriés dans un autre qui ne dispose pas des normes d’accompagnement et des institutions complémentaires. En d’autres termes, les innovations institutionnelles ne s’exportent pas nécessairement bien.
Source : Rodrik D. et A. Subramanian (2003), "La primauté des institutions", Finances et Développement, juin 2003.

Document 4 : La "malédiction des ressources naturelles"

Selon la théorie de la « malédiction des ressources », [...] un nombre croissant de pays pauvres risquent de souffrir des nombreux travers associés à la richesse du sous-sol : État rentier, corruption et lutte violente pour la captation de la rente, dégâts environnementaux, manque de diversification économique, vulnérabilité face à la volatilité des cours, faiblesse des institutions étatiques, inégalités croissantes, etc. [...]
Depuis la fin de la guerre froide, de nombreux chercheurs ont mis en relief l’impact négatif, pour les pays producteurs, d’une stratégie de développement centrée sur l’exploitation de ressources naturelles. Dans un ouvrage paru en 1993, l’économiste britannique Richard Auty aurait le premier utilisé l’expression « malédiction des ressources » pour décrire un paradoxe apparent : les pays en développement dotés d’abondantes ressources extractives (pétrole, gaz et minerais) affichent de moins bonnes performances que les pays dépourvus de ressources, que ce soit en termes de croissance économique, de gouvernance ou d’indicateurs sociaux. [...] Depuis lors, la littérature a mis l’accent sur une variété de facteurs économiques, politico-institutionnels et socio-environnementaux pour expliquer ce phénomène. [...]
Une majorité d’études récentes incite au pessimisme quant aux perspectives de développement durable dans les États fragiles qui font face à un boom minier ou pétrolier. Toutefois, quelques pays en développement ont su tirer parti de la richesse de leur sous-sol pour lutter contre la pauvreté avec un certain succès, comme le Chili, l’Indonésie ou la Malaisie. Un siècle plus tôt, l’Australie, le Canada et les États-Unis ont utilisé leurs matières premières pour soutenir le processus d’industrialisation. Autre exemple, le Botswana est devenu le champion mondial de la croissance économique durant les trois dernières décennies du xxe siècle grâce à l’exploitation du diamant, en même temps que la Sierra Leone sombrait dans un conflit meurtrier pour partie causé et financé par les « diamants du sang ». Ainsi, la « malédiction des ressources » n’est pas une fatalité. Elle peut être contrée par des politiques publiques ciblées, pour autant que le cadre institutionnel leur soit favorable.
Source : Carbonnier, G. (2013). "La malédiction des ressources naturelles et ses antidotes". Revue internationale et stratégique, 91, 38-48.

Document 5 : L'entropie et l'inéluctabilité de la décroissance selon Georgescu-Roegen

[I]l faudra attendre les années 1970 pour que la prise de conscience écologiste vienne bousculer les théories économiques hétérodoxes. L'année 1971 [...] paraît The Entropy Law and the Economic Process, du mathématicien et économiste roumain Nicholas Georgescu-Roegen. Ce livre, peu diffusé à l'époque, remet en cause tous les fondements de la science économique et définit les contours d'un nouveau paradigme respectueux de l'environnement. Ainsi, le temps (re)devient irréversible et unidirectionnel. Les fonds (potentiellement renouvelables) sont distingués des stocks (limités et non renouvelables, et à l'origine d'un flux d'énergie-matière). Nicholas Georgescu-Roegen applique à la réflexion économique le deuxième principe de la thermodynamique, qui affirme la dégradation de l'énergie. Celle-ci passe de formes concentrées et aptes à fournir un travail à des formes diffuses, et cela de manière irréversible. Un phénomène appelé entropie. L'entropie d'un système fini et fermé, en l'absence d'intervention extérieure, reste au moins constante ou tend à augmenter. "L'entropie d'un système clos augmente continuellement (et irrévocablement) vers un maximum ; c'est-à-dire que l'énergie utilisable est continuellement transformée en énergie inutilisable jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement" [Georgescu-Roegen, 1995, p. 81-82]. Prenons un exemple : pour faire marcher une locomotive à vapeur, il faut brûler du charbon. La chaleur ainsi dégagée est irrémédiablement perdue comme source de puissance mécanique. Et l'activité économique, parce qu'elle consomme de la matière et de l'énergie, accélère le processus d'entropie. Pour Nicholas Georgescu-Roegen, nous n'avons donc pas d'autre choix que de décroître.
Source : Lalucq, A. (2013). Economistes et écologie : des physiocrates à Stiglitz. L'Économie politique, 58, 35-52. https://doi.org/10.3917/leco.058.0035

Document 6 : Consommation et revenu disponible des ménages

Source : Insee (https://www.insee.fr/fr/statistiques/2385829 et https://www.insee.fr/fr/statistiques/2830244)

Document 7 (Synthèse sur Hyman Minsky, réalisée par Leïna Galaor, ECG1 2023-2024)

Hyman MINSKY (1919-1996)
• économiste américain
• doctorat à l’université d’Harvard (sous la direction de Joseph Schumpeter puis de Wassily Leontief)
• Influencé par le travail de Keynes, postkeynésien
• Publie un livre en 1986 dans lequel il développe l’"Hypothèse d’instabilité financière"

Résumé de la thèse de Minsky
Logique du marché repose sur l’instabilité des systèmes financiers, il explique que les krach financiers doivent être réguliers et sont pas dus à des causes exogènes, mais aux logiques du marché qui seraient donc à l’origine des crises
Le livre a été repris lors de la crise de 2008.
La croissance porterait les causes, les germes de la crise : c‘est le "paradoxe de la tranquilité".
L'auteur distingue trois périodes :
• finance prudente / phase d’expansion : optimisme limité et restriction des crédits. Les gains attendus par les offres d’investiisement sont supérieurs à la demande
• essor de la finance spéculative : la croissance augmente grâce à une forte consommation et beaucoup d’investissement, la rémunération des premiers investisseurs et les comportements de dépense sont vecteurs d’augmentation des prix des actifs (consommateurs), création d’une bulle financière.
• L'excès d'optimisme pousse à l'excès d'endettement, amenant à la "finance PONZY".
Le "Moment MINSKY" se profile alors : avec le développement de l’inflation, car la demande ne cesse d’augmente, les taux d’intérêt deviennent difficiles à assurer, c’est donc le moment de se désendetter. C’est la fin de la tranquilité. La bulle financière éclate lorsque le fossé entre la valeur boursière des titres et la valeur réelle des action devient intenable. La seule solution pour stopper l'effondrement de l'économie est l'intervention de la banque centrale qui alimente le système économique en liquidités.

 

Document 8 : Krugman P. (2009), "Increasing returns in a comparative advantage world" (extraits)

I like to begin classes on international trade by telling students that there are two basic explanations of international trade. The first is comparative advantage, which says that countries trade to take advantage of their differences [...]. The second is increasing returns, which says that countries trade to take advantage of the inherent advantages of specialization, which allows large-scale production – which is what the “new trade theory” was all about.
[...] I have also usually tied this potted explanation of what trade theory is all about to a potted version of world economic history as a play in three acts: the fall and rise of comparative advantage.
Act I goes as follows: before World War I there was a high level of world trade, and this trade fitted the comparative advantage paradigm pretty well; it was mainly between very different countries exporting very different goods. British trade, in particular, was mainly a matter of exporting manufactured goods and importing raw materials, and as a result most of the trade was with primary-product exporters that either had much higher land-labor ratios or were at a much lower level of economic development.
This first global economy was largely dismantled by wars and protectionism.
Act II focuses on the recovery of trade after World War II, which took a very different form. Much of the growth of trade was the result of liberalization agreements among advanced countries, so that trade between similar countries came to dominate overall flows. And much of this trade between similar countries was also trade in similar goods – intraindustry trade – driven mainly by specialization due to increasing returns [...].
Finally, in Act III comparative advantage staged a comeback. Trade liberalization in developing countries led to a sharp rise in North-South trade, which meant that once again much of world trade was taking place between very different countries. Unlike in the pre-WWI era, however, developing countries weren’t mainly exporting primary products. Instead, they were exporting labor-intensive manufactures. This trade was able to grow so much in part because reductions in transport cost made it possible to fragment production into labor-intensive and skill-intensive stages [...]. So trade in today’s world, like trade before World War II, is largely driven by comparative advantage, in which countries trade to take advantage of their differences.

Document 9 : Rodrik D. (2001), "Les mirages de l'ouverture extérieure" (extraits)

La Corée du Sud, Taiwan et les autres pays de l'Asie de l'Est étaient libres de faire ce qu'ils voulaient, et ils ne s'en sont pas privé. Ils ont combiné leur confiance dans le commerce avec des politiques non orthodoxes - subvention des exportations, imposition de quotas de production locale, liens entre les exportations et les importations, non-respect des brevets et des droits d'auteur, restriction des mouvements de capitaux (y compris des investissements directs étrangers), crédit orienté, etc. - qui sont, soit exclues par les règles actuelles, soit hautement désapprouvées. Pour les candidats actuels à la mondialisation, l'environnement est totalement différent. [...]
On a en fait de bonnes raisons d'être sceptique sur l'existence d'une relation générale, sans ambiguïté, entre l'ouverture commerciale et la croissance. La relation est probablement contingente ; elle dépend de quantité de caractéristiques, les unes propres au pays, les autres externes. Le fait que la plupart des pays développés ont commencé leur croissance derrière des barrières douanières, et n'ont réduit leur protection que par la suite, nous offre sûrement quelque chose qui ressemble à un indice. [...]
Aucun pays n'a réussi son développement en tournant le dos au commerce international et aux mouvements de capitaux à long terme. [...] Mais il est également vrai qu'aucun pays ne s'est développé grâce à une simple ouverture aux échanges commerciaux et aux investissements étrangers. La recette, pour ceux qui ont réussi, a été de combiner les chances offertes par les marchés mondiaux avec une stratégie d'investissement national et de renforcement institutionnel, afin de stimuler l'ardeur des entrepreneurs locaux. Dans pratiquement tous les cas remarquables - Asie de l'Est, Chine, Inde depuis le début des années 80 -, on trouve une ouverture partielle et progressive aux importations et aux investissements étrangers. [...]
En bref, l'utilisation stratégique du commerce international et des mouvements de capitaux fait partie de la stratégie de développement ; elle ne la remplace pas.