Chronique : La Crise des Subprimes
(Dernière modification : 31 juillet 2012)
Publicité parue en septembre 2009 dans l'Express. Un broker domicilié à Miami et spécialisé dans le rachat de biens immobiliers saisis par les banques y propose des maisons et appartements à des prix inférieurs de moitié à leurs niveaux de 2005.
Depuis 2007, nous donnons des informations sur la crise des subprimes puis sur la crise économique puis sur la crise de la dette au travers des thèmes suivants :
- La crise des subprimes et le secteur bancaire
- Pertes, dépréciations d'actifs, actifs toxiques : estimations pour l'ensemble du secteur
- Tableau de la situation des principales banques
- Les actions des banques centrales
- Questions autour des politiques des banques centrales
- Quel est l'objectif des autorités monétaires face à la crise ?
- Les injections de liquidités et baisses de taux vont-elles relancer l'inflation ?
- Dans quelles mesures les BC doivent-elles prendre des mesures non conventionnelles ?
- Le tableau des actions des banques centrales
- Les plans de sauvetage des gouvernements et des autorités monétaires et financières
- Etats-Unis
- Grande-Bretagne
- Islande
- Espagne
- Suisse
- Allemagne
- Améliorer (refonder ?) la réglementation
- Institutions concernées
- Thèmes, propositions et mesures
- Le rapport du Groupe des 30 proposant un "cadre pour la stabilité financière " (Janvier 2009)
- Réglementer les agences de notation.
- Renforcer les ratios prudentiels (accords de Bâle)
- Instaurer une taxe bancaire et une taxe sur les transactions financières
- La lutte contre certaines pratiques des 'centres financiers offshore' dits paradis fiscaux
- La réglementation des systèmes de rémunération dans les institutions financières
- L'installation de collèges de supervision
- Le problème des relations ambigües entre le monde financier et l'administration (lobbying...)
- La réforme de la supervision et du contrôle bancaires et financiers aux Etats-Unis
- La réforme de la supervision et du contrôle bancaires et financiers dans l'UE
- Les Plans de relance budgétaire
- Quelques questions autour de la relance
- Relance par la consommation ou par l'investissement ?
- Quid du déficit et de la dette ?
- Le tableau des plans de relance
- Les autres enjeux de la crise
- La gestion des déficits budgétaires et de la dette publique
- Dette publique et dictature des marchés financiers
- Gestion des crises de la dette publique
Thèmes abordés : les crises grecque, irlandaise, portugaise ; Mécanisme européen de stabilité financière et Fonds européen de stabilité financière ; Mécanisme européen de stabilité ; euro-obligations ; programme d'achats d'obligations publiques par la BCE ; survie de la zone euro
- La montée du protectionnisme
- Instabilité et guerre monétaires
- La montée des inégalités et des tensions sociales
- Sortie de crise : le jeu des pronostics
- Les enjeux de la sortie de crise
- La menace d'un retour de l'inflation et la question de la réorientation des politiques monétaires
- La proposition d'Olivier Blanchard
- Quand sortir des mesures non conventionnelles et relever les taux directeurs ?
- Le problème des déficits budgétaires et de la dette publique et la question de la réorientation des politiques budgétaires
- 4 solutions pour réduire le ratio dette publique / PIB
- La dépendance à l'égard de la politique budgétaire chinoise et la menace du W
- Crise grecque, politiques de rigueur et menace du W : çà se précise (le tableau des plans de rigueur)
- Le tableau des plans de rigueur
- La place de l'Etat dans l'économie
- Lectures sur la crise
Pertes, dépréciations d'actifs, actifs toxiques : estimations pour l'ensemble du secteur
- Les pertes et dépréciations d'actifs de l'ensemble des banques et institutions financières s'élèvent à 380 mds $ en juin 2008 selon l'OCDE.
- La Bafin (autorité allemande des marchés financiers) estime dans un rapport, fin mars 2008, que la perte totale subie par les banques et institutions financières du fait de la crise des subprimes devrait s'élever à 430 mds $ (voire 600 mds dans le pire des scénarios)
- Le FMI, dans son rapport d'avril 2008 sur la stabilité financière, estime le coût total de la crise financière à près de 1000 mds $, dont plus de la moitié due à l'exposition des banques aux subprimes. Le reste est constitué des pertes subies par les autres investisseurs institutionnels (zinzins) : compagnies d'assurances, les fonds de pension, les fonds monétaires, les fonds spéculatifs (hedge funds)...
- Le comité des marchés financiers de l'OCDE, en avril 2008, estime la première vague de pertes (hors dépréciations d'actifs) à 422 mds $, dont 90 subis par les banques américaines.
- En janvier 2009, le FMI estime à 2200 mds $ le montant des actifs toxiques provenant des Etats-Unis que les banques et compagnies d'assurance allaient détenir d'ici la fin de 2010.
- En avril 2009, le FMI estime à 4000 mds $ le montant des actifs toxiques que banques et compagnies d'assurance allaient détenir d'ici la fin de 2010 (3100 mds provenant des Etats-Unis et 900 mds provenant d'Europe et d'Asie).
- En mai 2009, les tests de résistances (stress tests) que la Fed a réalisé pour les 19 principales banques des Etats-Unis révèlent que 10 d'entre elles vont devoir trouver 75 mds $ de fonds propres supplémentaires (dont 34 mds pour Bank of America) pour faire face aux pertes qu'elles subiraient en cas d'aggravation de la récession. Ces pertes sont estimées à 600 mds $ en 2009 et 2010 pour les 19 banques.
- En juillet 2010, c'est au tour de l'Union européenne de réaliser des tests de résistance sur 91 banques européennes. 7 établissements disposent de fonds propres insuffisants pour faire face à un choc économique majeur. Des recapitalisations s'avèrent nécessaire pour ces 7, à hauteur de 3.5 mds €. Les 2 premières concernées sont l'allemande Hypo Real Estate et l'espagnole Diada. Les 5 autres sont quatre caisses d'épargne espagnoles et la grecque ATEbank.
Tableau de la situation des principales banques
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Eléments descriptifs |
Résultats |
Dépréciations d'actifs |
Augmentations de capital |
Apporteurs de capitaux |
Ratio |
Changements de dirigeants |
Licenciements |
Countrywide Financial |
Créée en 1969. Numéro 1 du crédit immobilier aux E-U. |
Quasi faillite en août 2007. |
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Rachat par Bank of America à partir de janvier 2008. Finalisation fin juin 2008 à prix égal à 10 fois moins ce que valait Countrywide début 2007. |
Angelo Mozilo, PDG et cofondateur, quitte la société en mars 2008. Il est poursuivi par la justice. |
11000 entre août et décembre 2007 |
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Thornburg | Groupe Américain spécialisé dans le crédit hypothécaire |
Pertes de 3.3 mds $ au 1er Trim 2008 Frôle la faillite en mars 2008. Faillite en avril 2009 |
Augmentation de capital de 1,35 mds $ en mars 2008 (obligations au taux d'intérêt de 18%). |
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Citigroup |
1ère banque américaine avant la crise. 2ème banque la plus touchée au monde par la crise. |
Pertes de 10 mds $ au 4ème Trim 2007, de 5,1 mds au 1er Trim 2008, de 2,5 mds au 2e Trim 2008, de 17,2 mds au 4e trim 2008, de 7.58 mds au 4e trim 2009. Bénéfice de 4.43 mds au 1e trim 2010. |
Dépréciation de 18 mds $ au 4ème Trim 2007, de 14 mds au 1er Trim 2008, 7,2 mds au 2e Trim. |
Augmentations de capital en janvier 2008 pour 14,5 mds de dollars. Total en avril 2008 : 27,9 mds de dollars. |
Le fonds Abu Dhabi Investment Authority entre au capital (près de 5% détenus) en novembre 2007. Les fonds souverains détiennent 16% du capital en janvier 2008. Le Trésor américain acquiert 36% du capital en février 2009. Kuwait Investment Autority revend sa participation pour 4.1 mds $ en dec 2009 (plus-value de 1.1 mds $). Le Trésor US cède les derniers titres détenus en décembre 2010 (plus-values, intérêts et dividendes = 12 mds $). |
Charles Prince, PDG du groupe, licencié, remplacé par Vikram Pandit |
17000 en avril 2007. 9000 en mars 2008. Entre 17000 et 35000 dans le monde courant 2007-2008. |
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Merrill Lynch |
3e banque d'investissement des Etats-Unis. |
Pertes de 2,2 mds $ au 3e trim 2007, 9,8 mds $ au 4e trim 2007, 1,9 mds $ au 1er Trim. 2008, 4,89 mds au 2e Trim. |
Dépréciations en Avril 2008 : 9 mds $, 9,75 mds en juillet 2008 (40 mds depuis le début de la crise) |
Total des augmentations de capital en avril 2008 : 13,5 mds de dollars.
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Temasek (fonds souverain singapourien) détient 9,4% du capital en avril 2008. Rachat par Bank of America en janvier 2009. |
Stanley O'Neal limogé fin 2007, remplacé par John Thain (ancien du NYSE et d'Euronext) |
4200 entre janvier et juin 2008. |
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Morgan Stanley | Convertie en société de portefeuille bancaire en sept 2008 | Perte de 5.4 mds $ sur un fonds de placements immobiliers internationaux au 1er trim 2010. |
China Investment Corp apporte 5 mds de dollars en décembre 2007 ; le CIC détient 9,9% du capital. |
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JP Morgan Chase | Banque américaine | 1,5 mds $ en août 2008. | 5,9 mds de dollars d'augmentation de capital. 1,6 mds supplémentaires en août 2008. |
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Lehman Brothers |
Banque d'affaires américaine créée en 1850, introduite en bourse en 1994. L'une des plus touchées. |
Pertes de
2,8 mds $ au 2ème trim 2008. Faillite en septembre 2008. |
4 mds $ au 2ème trimestre 2008. 17 mds depuis 2007. |
4 mds de dollars d'augmentation de capital en avril 2008. 5 à 6 mds en juin 2008. |
Juin 2008 : DBS Group Holdings (Singapour), premier groupe bancaire d'Asie du Sud-est, la Korean Development Bank (KDB), Woori Financial (Corée) et le fonds de pension de Californie. |
5000 en 2007. 4000 en 2008 en 3 vagues + 1500 supplémentaires prévus. |
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Washington Mutual |
Banque américaine. Ancienne caisse d'épargne. L'une des plus touchées par la crise. |
Pertes de 1,14 mds $ au 1er trim. 2008, 3,3 mds au 2e trim. Faillite en septembre 2008. |
5,9 mds $ au 2e trim 2008 |
Augmentation de capital : 3 mds $ en décembre 2007, 7,2 mds $ en avril 2008.
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Fonds d'investissement TPG. Rachat par JP Morgan. |
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Wachovia |
4ème Banque américaine |
Pertes de 708 mil de dollars au 1er trim. 2008, de 2,8 mds $ au 2e trim. |
765 mil de dollars en avril 2008. |
Augmentation de capital : 8 mds de dollars en avril 2008.
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Rachat par Wells Fargo en janvier 2009. |
Ken Thompson, PDG, limogé en juin 2008. |
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Northern Rock | ||||||||
Royal Bank of Scotland | 2ème banque d'Angleterre | Pertes de 27 mds € en 2008. | Estimées à 5,9 mds de livres en avril 2008 | Augmentation de capital de 15 mds d'euros en avril 2008. |
L'Etat devient majoritaire en novembre 2008. 83% du capital détenu en novembre 2009. |
Tier One à 8% en avril 2008. | Départ du PDG Sir Fred Goodwin en octobre 2008 (prime de départ : 700000 livres par an) | 9000 annoncés en avril 2009. 20000 suppressions entre 2009 et septembre 2010. 3500 supplémentaires annoncés en septembre 2010. |
Barclays | 3ème banque britannique | Bénéfices de 2.33 mds £ au 3e Trim 2008, 1.08 mds £ au 3e Trim 2009 (-54%) | 452 mil £ au 3e Trim 2008, 254 mil £ au 3e Trim 2009 | Augmentation de capital de 5,7 mds d'€ en juin 2008. | Qatar Investment Authority, China Development Bank et Temasek (Singapour) | Tier One à 5,25% en juin 2008, 11,1% en juin 2009. | ||
Bradford & Bingley | Banque britannique spécialisée dans le crédit immobilier. Née de la fusion de Bradford et Bingley en 1964, elle abandonne son statut mutualiste en 1999. | Pertes de 10,2 mil d'€ sur les 4 premiers mois de 2008 |
Augmentation de capital de 326 mil d'€ en juin 2008.
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Le fonds d'investissement TPG (Texas Pacific Group) prend 23% du capital en juin 2008. Nationalisation partielle en septembre 2008, rachat des actifs non risqués par Santander. |
Le directeur général Steven Crawshaw est remplacé par Rod Kent en juin 2008. | |||
Alliance & Leicester | Rachat par Santander en juillet 2008. | |||||||
UBS |
1ère banque suisse. N°1 mondial de la gestion de fortune. La plus touchée en Europe par la crise. |
Pertes en 2007 pour la 1ère fois de son histoire (2,7 mds d'€). Pertes de 13 mds € en 2008. Pertes de 1,3 mds € au 1er trim 2009, de 1 mds € au 2e trim. Retour aux bénéfices au 4e trim 2009. Bénéfices de 1.54 mds € au 1er trim 2010, 1.46 mds € au 2e trim 2010. |
28,3 mds d'€ au total en août 2008. 3,4 mds d'€ au 2ème trim 2008. |
Nouvelle augmentation de capital de 9 mds d'euros le 21 avril 2008. Total en avril 2008 : 27,7 mds de dollars. |
Après plusieurs levées de fonds, 25% du capital sont détenus par des fonds souverains (notamment le GIC de Singapour) en janvier 2008. 2,5% détenu par le fonds britannique Olivan. |
Tier One à 10% en mars 2009, 15.4% fin 2009, 16.4% en juin 2010. |
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11000 de fin 2007 à mars 2009. 8700 supplémentaires (11% des 76000 salariés) prévus d'ici 2010. |
Crédit Suisse |
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Pertes de 1,3 mds € au 1er Trim 2008. |
6,2 mds d'€ au total en juillet 2008. |
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500 en janvier 2008 500 en avril 2008 |
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Hypo Real Estate | Banque allemande de crédit immobilier |
Au bord de la faillite en septembre
2008. Pertes de 5,5 mds en 2008. Pertes de 574 mil € au 3e Trim 2009. |
L'Etat apporte 3 mds € en octobre 2009, 3 mds € en novembre 2009. En juillet 2010, d'après les stress tests, une recapitalisation de 1.245 mds € serait nécessaire. Septembre 2010 : l'Etat annonce un transfert d'actifs toxiques vers une 'structure de défaisance' (210 mds €) et une aide de 40 mds €. |
L'Etat entre au capital en mars 2009 (8,7%). Nationalisation totale en octobre 2009 |
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Deutsche Bank |
1ère Banque allemande |
Perte historique de 3,9 mds € en 2008. Bénéfice de 1.2 mds € au 2e trim 2010. |
2,3 mds d'euros en 2007 2,7 mds d'euros au 1er Trim 2008. |
Augmentation de capital de 10.2 mds € décidée en septembre 2010. | Tier One à 9,2% au 1e trim 2008, 11.3% en juillet 2010 |
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Commerzbank | 2e Banque allemande | Déficit de 6.5 mds € en 2008, de 4.5 mds en 2009. |
L'Etat apporte 16,4 mds € sous forme de titres sans droits de vote. |
Prise de l'Etat participation de 25% (1,8 mds €). |
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Mitsubishi UFJ |
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Chute des bénéfices en 2007 |
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Mizuho |
2e banque japonaise |
Perte de 4,53 mds € pour l'exercice 2008-2009. |
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Augmentation de capital de 5,6 mds € en juillet 2009. |
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Société Générale |
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Bénéfices divisés par 5 en 2007 |
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Total en avril 2008 : 8,5 mds de dollars. |
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Tier One à 8% en juin 2008. |
Daniel Bouton quitte la Direction Générale en mai 2008, remplacé par Frédéric Oudéa |
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Natixis | Filiale commune des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne, née en 2006 | Perte de 1,8 mds € au 1er Trim 2009 | 1,5 mds € au 2e trim 2008. | 3,7 mds € en juillet 2008. | ||||
Crédit Agricole |
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Baisse des bénéfices au 1er Trim. 2008. Filiale Calyon principale touchée. |
1,2 mds d’€ au 1er trim. 2008. |
Augmentation de capital de 5,9 mds d’€ en juin 2008. |
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Tier One à 8,5% en juin 2008. |
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A côté des grandes banques, il existe des milliers de petites banques aux Etats-Unis, pour lesquelles la faillite n'a rien d'exceptionnel. En 2007, 3 banques ont fait faillite aux Etats-Unis, selon l'agence fédérale de garantie des dépôts bancaires (FDIC). En 2008, 25 faillites de banques ont été enregistrées. En 2009, c'est 140 faillites bancaires qui ont eu lieu, un record depuis 1992, année au cours de laquelle 181 faillites avaient été enregistrées. En 2010, 155 faillites bancaires.
Les banques qui s'en sortent mieux
Les banques françaises (sauf Banques Populaires et Caisses d'épargne, à cause de Natixis) : coût des subprimes pour les banques françaises estimé à 19 mds € en février 2009. Bénéfices en 2008 : 2 mds pour la Société Générale, 3 mds pour BNP-Paribas (qui rachète Fortis), 2,5 mds pour le groupe Crédit Agricole.
Les banques gagnantes (au sens où elles ont survécu et ont accru leur taille grâce à des rachats et sous condition que la crise financière soit achevée !) :
Bank of America : a repris Countrywide, a absorbé Merrill Lynch à partir de septembre 2008, possède plus de la moitié du plus gros fonds d'investissement coté Blackrock. 1ère banque américaine. Bénéfice net de 4,25 mds $ au 1er trim 2009, pertes de 5.2 mds au 4e trim 2009, bénéfice de 2.83 mds au 1er trim 2010, de 3.1 mds au 2e trim 2010.
Goldman Sachs : fondée en 1869, elle est en septembre 2009 l'une des deux seules banques d'affaires (avec Morgan Stanley) désormais existantes aux Etats-Unis.
Plusieurs collaborateurs de Goldman Sachs jouent un rôle important au sein de l'administration américaine, comme Henry Paulson, ancien secrétaire d'Etat au Trésor sous la présidence de Georges W. Bush.
Bénéfices au 2e trim 2009 : 3.4 mds $ (+65% sur un an), total 2009 : 13.3 mds $ (6 fois plus qu'en 2008). Bonus versés en 2010 au titre du 1er semestre 2009 : 11.4 mds $.
Le New York Times (cité par Le Monde) révèle en décembre 2009 que Goldman Sachs misait, avant le déclenchement de la crise, sur la chute de titres (CDO) qu'elle proposait parallèlement à ses clients. Plus précisément, Goldman Sachs a participé à l'élaboration d'un CDO pour le compte du fonds d'investissement Paulson, sachant que ce fonds pariait sur la baisse de ce titre au travers de ventes à découvert. Dans le même temps, Goldman Sachs conseillait à certains de ses clients l'achat de ce CDO (par exemple la banque allemande IKB, qui a perdu 150 mil $ dans l'opération), affirmant que les titres sur lesquels était adossé ce CDO avaient été choisis par un tiers indépendant. Le SEC américain et la FSA britannique ont porté plainte en avril 2010 contre la banque et un des employés (le Français Fabrice Tourre) ayant participé au montage.
En février 2010, on apprend que Goldman Sachs, qui avait aidé la Grèce en 2001 à dissimuler ses nouvelles dettes lors de son entrée dans la zone euro, aurait spéculé sur des CDS (Credit Default Swaps) liés à la dette grecque, alourdissant ainsi encore davantage le coût de la dette. "Il est bien évidemment contre-productif d'utiliser ces instruments financiers d'une manière qui revient à déstabiliser intentionnellement un pays ou une entreprise" a indiqué Ben Bernanke (cité par le Figaro) ; contre-productif... sauf Goldman Sachs.
Après les titres adossés aux crédits subprimes, après les dérivés de matières premières et d'énergie, voici les dérivés de dette des Etats. Les spéculateurs ont mis à la rue des milliers d'Américains, affamé des millions de pauvres dans les pays en développement. Maintenant, ils envisagent de mettre en faillite la Grèce ou l'Espagne. C'est à se demander si ces gens (et leurs complices) doivent être condamnés pour des délits financiers ou pour des crimes contre l'Humanité.
JP Morgan Chase : rachat de Bear Stearns puis de Washington Mutual. Devient en 2009 une des plus grandes banques de détail aux côtés de Bank of America et de Wells Fargo. Bénéfices de 3.3 mds $ au 1er trim 2010 (l'activité de banque d'investissement compensant les pertes sur les activités de crédit aux particuliers)
Wells Fargo : rachat de Wachovia, devient la 4e banque des Etats-Unis en termes d'actifs et la 2e en termes de dépôts.
PNC : absorbe National City et devient la 5e banques des Etats-Unis en termes d'actifs (291 mds $ fin 2008).
Barclays : rachat de la plupart des actifs de Lehman Brothers (sauf immobilier). Elle passe de 12000 salariés à 20000 courant 2008-2009.
Santarder : banque espagnole ayant racheté Alliance & Leicester ainsi qu'une partie de Bradford & Bingley. Rachat d'actifs de Citigroup dans l'activité de prêts automobile en juin 2010 (3.2 mds $)
De manière générale, les banques ont retrouvé des résultats positifs en 2009, grâce à leurs activités de marché, c'est-à-dire grâce à la spéculation.
Comment les marchés jugent de la santé et de l'avenir des banques : l'exemple de l'activité de Soros Fund Management, le fonds du milliardaire Georges Soros.
Courant 2009, le fonds achète 94.7 millions d'actions de Citigroup (dont le cours est passé de 55 $ en 2007 à 2 $ en 2009). Au 1er Trim. 2010, la quasi totalité des titres est revendue (source : La Tribune du 18/05/2010). Interprétation que l'on peut suggérer : les marchés ont surréagi à la baisse en 2009 (on achète), cependant, à terme, l'avenir de Citigroup semble compromis (on vend).
Au cours du 1er Trim. 2010, le nombre d'actions JP Morgan Chase & Co détenu par le fonds est passé de 4.7 mil à 114.7 mil (Ibid). Interprétation : comme le 1er Trim 2010 peut difficilement être vu comme une période de sous-évaluation, l'achat se justifie par les perspectives de la banque à moyen-long terme (donc achetez vous aussi !).
Questions autour des politiques des banques centrales
Quel est l'objectif des autorités monétaires face à la crise ?
Face à la crise de liquidité au sein du secteur bancaire et sur les marchés monétaires, les BC sont intervenues dès l'été 2007 par des injections massives de liquidités.
Parallèlement, la Fed a entamé une série de baisses de ses taux directeurs afin de soutenir l'activité et de faire face aux menaces de déflation. Au contraire, la BCE n'a entamé une série de baisses des taux qu'à partir d'octobre 2008, suivant ainsi un seul objectif : la stabilité des prix.
Les BC dont les objectifs finaux incluent l'activité économique et l'emploi se heurtent au problème de l'inefficacité de la politique monétaire lorsque les taux directeurs se rapprochent de zéro. C'est cette difficulté à laquelle est notamment confrontée la Fed à partir d'août 2010 lorsqu'il s'agit d'envisager de nouvelles mesures de soutien de l'activité. "Dans une situation où l'économie est entravée par la demande (faibles perspectives salariales, disparition progressive des revenus de transferts et autres avantages fiscaux, mesures minées par les échéances électorales et rien à attendre du côté de l'endettement des ménages), le 'coût' de la monnaie n'est pas la variable clef." (source : Natixis)
Les injections de liquidités et baisses de taux vont-elles relancer l'inflation ?
La crise de confiance amène les banques, dans un premier temps, à limiter les prêts qu'elles se font entre elles puis, dans un second temps, à limiter les prêts qu'elles font aux entreprises et aux ménages. Les banques centrales réagissent donc en injectant des liquidités. La base monétaire et la masse de liquidités mis en réserve par les banques augmentent alors. Aux Etats-Unis, entre 2008 et 2010, la base monétaire est passée de moins de 1000 mds $ à plus de 2000 mds $ et les réserves des banques auprès des BC sont passées de moins de 100 mds $ à près de 1000 mds $ en 2009 (source : Natixis).
Si les banques se remettent à octroyer davantage de crédits, il y a alors un risque de reprise rapide de l'inflation.
Petite phrase de Mario Draghi, Président de la Banque d'Italie et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, à propos des rachats d'obligations publiques par la BCE : "Je suis tout à fait conscient des risques que nous avons de franchir la ligne et de perdre tout ce que nous avons, de perdre notre indépendance et, au fond, de violer [les traités européens]". (interview donnée pour Financial Times en décembre 2010 et citée par Le Point du 10/12/2010)
Le tableau des actions des banques centrales
Ce tableau laisse apparaître différentes priorités dominantes selon les banques centrales depuis l'été 2007 : lutte contre la crise de liquidités sur le marché interbancaire, sauvetages d'institutions financières, soutien de l'activité économique et lutte contre la crise de la dette publique. (plus d'informations sur les taux d'intérêt : global-rates.com)
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Injections de liquidités |
Taux directeurs |
Mesures non conventionnelles |
Réserve Fédérale américaine (Ben Bernanke) |
Plusieurs centaines de mds de dollars entre août et décembre 2007. 41 mds de dollars en novembre 2007. 20+20 mds de dollars en décembre 2007 30+30 mds de dollars en janvier 2008 30+30 mds de dollars en février 2008. 50+50 mds de dollars en mars 2008 50+50 mds de dollars en avril 2008. 75+75 mds par semaine en mai 2008. |
Principal taux directeur (taux des Fed funds) Septembre 2007 - Juin 2008 (↓) Série de baisses. Baisse de 50 pts à 4,75% en septembre 2007, Octobre 2007 : 4,50%, Décembre 2007 : 4,25%, Janvier 2008 : 3%, Mars 2008 : 2,25%, Avril 2008 : 2%. Baisse stoppée en juin 2008. Octobre 2008 - Décembre 2008 (↓) Reprise de la baisse. Baisse de 50 pts à 1,5% puis de 50 pts à 1% en octobre 2008, Décembre 2008 : fourchette de 0 à 0,25%. Taux d'escompte (Discount window) Refinancement direct auprès du Federal Reserve System (équivalent peu utilisé de la Facilité permanente de la BCE). Février 2010 : relèvement de 0.5% à 0.75%. |
Décembre 2007 : Instauration de la TAF (Terme Auction Facility) : élargissement des institutions autorisées à se refinancer auprès de la Fed et élargissement de la gamme des collatéraux admis. Mars 2008 : - Echanges temporaires de titres hypothécaires contre des emprunts d'Etat (200 mds de dollars), - Prêts de titres du Trésor pour 200 mds (contre des obligations adossées à des crédits immobiliers et notées AAA) afin de faciliter les opérations de refinancement. Mai 2008 : élargissement de la gamme de titres acceptés en garantie lors des opérations de refinancement (titres adossés à des créances, classés AAA). Septembre 2008 : Instauration de la AMLF (Asset-Backed Commercial Paper Money Market Mutual Fund Liquidity Facility) Octobre 2008 : Instauration de la MMIFF (Money Market Investor Funding Facility) Novembre 2008 : Instauration de la TALF (Term Asset-Backed Securities Loan Facility) Mars 2009 : élargissement des collatéraux à 4 nouveaux ABS. Août 2010 : annonce du maintien de la taille du bilan de Fed. Autrement dit, la Fed achètera autant de titres que nécessaire pour que la taille de son bilan de descende pas sous un certain plancher. Novembre 2010 : la Fed décide de racheter pour 600 mds $ de bons du Trésor d'ici juin 2011 pour soutenir l'activité. |
Banque Centrale Européenne (Jean-Claude Trichet puis Mario Draghi à partir de novembre 2011) |
Décembre 2007 : prêt en quantité illimitée pour deux semaines avec garantie de l'anonymat et au taux de 4,21%. 150 mds d'euros à 3 et 6 mois entre avril et juillet 2008. |
Juin 2007 - Juillet 2008 (=) Statut quo à 4% . Juillet 2008 (↑) Augmentation à 4,25%. Octobre 2008 - mai 2009 (↓) Série de baisses. 3,75% en octobre 2008 puis 3,25% en novembre, 2,5% en décembre, 2% en janvier 2009, 1,5% en mars 2009, 1,25% en avril 2009, 1% en mai 2009. Mai 2009 - Avril 2011 (=)statut quo à 1% Avril 2011 - Juillet 2011 (↑) mouvement de hausse. 1.25% en avril 2011, 1.50% en juillet 2011. A partir de Novembre 2011 (↓) mouvement de baisse. 1.25% en novembre 2011, 1% en décembre 2011, 0.75% en juillet 2012. |
Mai 2009 : lancement d'opérations de refinancement à 1 an (contre 6 mois pour les opérations de long terme auparavant) ; lancement d'un programme d'achat d'obligations sécurisées (émises par les banques et couvertes par des crédits ou créances au secteur public) pour 60 mds €. Mai 2010 (crise grecque) : lancement d'opérations de rachats d'obligations d'Etat (73.5 mds € de rachats entre mai en décembre 2010).pour 60 mds €. Décembre 2011 : lancement d'opérations de refinancement à long terme (LTRO) à 3 ans.
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Bank of England |
62 mds d'euros en avril 2008 |
Décembre 2007 - Mars 2009 (↓) Série de baisses. Baisse de 25 pts à 5,5% en décembre 2007, 5,25% en février 2008, 5% en avril 2008, 4,5% en octobre 2008, 3% en novembre 2008, 2% en décembre 2008, 1,5% en janvier 2009, 1% en février 2009 (jamais vu depuis 1694), 0,5% en mars 2009. A partir de mars 2009 (=) Statut quo à 0,5% |
Echanges de titres pour 63 mds d'euros le 21 avril 2008.
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Bank of Japan |
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Mars 2001 - Juillet 2006 Le taux est à zéro. Juillet 2006 - Février 2007 Légère hausse mais les taux restent proches de zéro : 0.25% en juillet 2006, 0.5% en février 2007. Octobre 2008 - Octobre 2010 Tendance baissière. Décembre 2008 : 0.1%, Octobre 2010 : entre 0 et 0.1%. A partir d'Octobre 2010 Statut quo entre 0 et 0.1%. |
Décembre 2009 : création d'une facilité de prêt de liquidités en faveur des banques (facilité augmentée en mars puis en août 2010) Octobre 2010 : création d'un fonds (35000 mds yens = 305 mds €) pour acheter des actifs (emprunts d'Etat, billets de trésorerie, produits de titrisation) Février 2012 : l'enveloppe pour les achats d'obligations d'Etat japonaises est augmentée de 10000 mds yens (soit 65000 mds au total) |
Actions Concertées | Banques centrales concernées | Dispositions |
Décembre 2007 | Banque du Canada, Banque Nationale Suisse (BNS), BCE, Fed, Banque d'Angleterre (BoE) | Injections simultanées de
liquidités Dans le cadre de la TAF : Opérations de swaps (la Fed fournit plus de 20 mds de dollars à la BCE et à la BNS pour assouvir la soif de dollars des banques commerciales européennes) |
Mars 2008 | Banque du Canada, BNS, BCE, Fed, BoE | Extension des accords de swaps : La Fed fait passer de 10 à 30 mds de dollars la ligne de crédit ouverte à la BCE et de 2 à 6 mds celle de la BNS. |
Mai 2008 | Fed, BCE et BNS | La Fed porte de 30 mds à 50 mds de dollars le montant des liquidités fournies à la BCE et de 6 mds à 12 mds de dollars le montant des liquidités fournies à la BNS. |
Automne 2008 | Fed, BCE, BoE, BoJ, BNS | La Fed ouvre une ligne de tirage en dollars illimitée jusqu'en avril 2009. |
Avril 2009 | Fed, BCE, BoE, BoJ, BNS | Opérations de swaps 'dans l'autre sens' permettant à la Fed d'alimenter des institutions financières américaines en euros (80 mds), en yens (10000 mds), en livre sterling (30 mds) et en francs suisses (40 mds) |
Les plans de sauvetage des gouvernements et des autorités monétaires et financières
Etats-Unis
Bear Stearns : 30 mds de dollars fournis par la Fed à JP Morgan pour financer le rachat, en échange de titres Bear Stearns.
Fannie Mae et Freddie Mac : mise sous tutelle le 7 septembre 2008. Ces établissements semi-publics (GSE, government-sponsored enterprises) détiennent ou garantissent près de 50% du marché hypothécaire américain. Entre septembre 2008 et décembre 2009, ils ont reçu 111 mds $ de l'Etat. Le plafonds de 200 mds d'apports en capital prévu initialement pour couvrir les pertes est supprimé en décembre 2009 : l'Etat couvrira sans limite les pertes des deux organismes jusque fin 2012.
Parallèlement, la Fed prévoit de racheter des titres de dette détenus par ces organismes pour un montant cumulé de 1425 mds $ d'ici fin mars 2010.
AIG : prise de contrôle par l'Etat en septembre 2008 (droits de souscription à hauteur de 80% du capital, contre un prêt de 85 mds $). Le n°1 mondial de l'assurance est au bord de la faillite en septembre 2008 à cause des pertes subies liées à des garanties sur des dérivés de créances immobilières.
Plan global de 700 mds $ lancé en 2008 (Troubled Asset Relief Program ou Tarp, appelé également Plan Paulson)
Ce plan ne devait être à l'origine (septembre 2008) qu'un plan d'achat d'actifs toxiques par le Trésor. La révision du plan (novembre 2008) en a fait un programme de prises de participation de l'Etat dans les banques en difficulté, sous forme d'actions préférentielles (c'est-à-dire sans droit de vote).
Les 2 principaux participants à ce plan sont Citigroup (45 mds $ d'actions préférentielles, transformées en actions ordinaires en février 2009, faisant du Trésor américain l'actionnaire principal avec 36% du capital. 20 mds $ remboursés en décembre 2009) et Bank of America (45 mds $, remboursés en novembre 2009).
Le coût de ce plan pour le contribuable américain, d'abord estimé à 341 mds $, est évalué en décembre 2009 à 200 mds $. Les causes de cette baisse sont, selon le Trésor américain, un meilleur rendement que prévu des fonds utilisés et une révision à la baisse des sommes qui seront effectivement prélevées dans l'enveloppe globale de 700 mds. En décembre 2010, les estimations tombent à moins de 30 mds $, en incluant les gains générés par la revente (prévue en 2011) des 80% que l'Etat possède dans AIG.
Grande-Bretagne
Northern Rock : prêt d'urgence de 35 mds € en septembre 2007, nationalisation en février 2008.
Bradford & Bingley : nationalisation partielle en septembre 2008 (une partie cédée à Abbey, filiale de Santander).
Royal Bank of Scotland : Prêt de la BoE d'un montant de 36.6 mds £ en octobre 2008 (prêt maintenu secret jusqu'en novembre 2009). Le gouvernement britannique acquiert 57.9% du capital en novembre 2008 (15 mds € d'actions ordinaires, 5 mds € d'actions préférentielles). La part de l'Etat passe ensuite à 70.3% puis à 84% en novembre 2009.
Lloyds Banking Group : issue de la fusion entre la Lloyds TSB et HBOS (Halifax Bank Of Scoland) en janvier 2009, le groupe est détenu à 43% par l'Etat. HBOS avait reçu un prêt de la BoE en octobre 2008 d'un montant de 25.4 mds £ (prêt maintenu secret jusqu'en novembre 2009). En novembre 2009, le groupe prévoit de sortir de la tutelle publique grâce à une augmentation de capital de 21 mds £.
Irlande
Février 2009 : nationalisation de l'Anglo Irish Bank
Printemps 2010 : injection de capitaux par l'Etat dans Bank of Ireland
Décembre 2010 : nationalisation de AIB (Allied Irish Banks). Une injection de 3.7 mds € au capital de la banque fait passer la participation de l'Etat de 25% à 93%.
Islande
Octobre 2008 : Nationalisation des trois principales banques du pays : Islandsbanki, New Kaupthing et New Landsbanki. A noter que cette dernière était la maison-mère de Icesave, la banque en ligne ayant fait faillite, faisant perdre des actifs à plus de 320000 citoyens du Royaume-Uni et des Pays-Bas.
Espagne
Casa Castilla - La Mancha (CCM) : Madrid garantit les activités de CCM en mars 2009 à hauteur de 9 mds €. La CCM est une des 45 caisses d'épargne du pays, dont plusieurs se sont développées en même temps que la bulle immobilière et qui connaissent une dégradation de leurs ratios de solvabilité parallèle à la montée des crédits douteux.
Cajasur : prise de contrôle de cette caisse d'épargne par la banque centrale espagnole en mai 2010. Le montant de l'opération est estimé à 2.7 mds €, dont 500 mil apporté par le Fonds pour la restructuration des banques (FROB).
Le "système de protection institutionnelle" (SIP) est un processus apparenté à une "fusion virtuelle", chaque établissement conservant son propre organe de direction, son bilan, sa structure juridique et sa marque. Lancé en juin 2009, ce processus est favorisé par le gouvernement espagnol, notamment depuis le sauvetage de Cajasur, afin de consolider le secteur des caisses d'épargne : l'objectif étant de ramener le secteur à une vingtaine d'établissements. En juin 2010, Caixa Penedes, Caja Murcia, Caja Granada et Sa Nostra ont, par exemple, créé un tel SIP. Celui-ci va solliciter l'aide du fonds de sauvetage du secteur bancaire (FROB). L'aide demandée pourrait se situer entre 800 millions et un milliard d'euros (La Tribune du 02.06.2010).
Bankia : En décembre 2010, le conglomérat bancaire Bankia est créé, regroupant sept caisses d'épargnes (Caja Madrid, Bancaja, La Caja de Canarias, Caja de Avila, Caixa Laietana, Caja Segovia et Caja Rioja). En 2011, c'est la 4e banque espagnole (en termes d'actifs), derrière Santander, BBVA et CaixaBank. En mai 2012, l'aggravation de la crise immobilière et bancaire amène le gouvernement espagnol à nationaliser Bankia (45% du capital détenu par l'Etat)
Suisse
UBS : prise de participation de 9% en octobre 2008 sous forme d'obligations convertibles. L'Etat suisse revend sa participation en août 2009 (plus-value de 1.2 mds FRS).
Allemagne
Soffin : fonds de soutien aux banques en difficulté créé en octobre 2008 et doté de 400 mds € de garanties et 80 mds de fonds de recapitalisation.
Hypo Real Estate : 100 mds € de garanties depuis octobre 2008. L'Etat entre au capital en mars 2009 (60 mil € soit 8,7% du capital). L'Etat apporte 3 mds € en capital en octobre 2009 (et détient alors 100% du capital), 3 mds € en novembre 2009.
En Savoir plus...
C.Choulet et L.Quignon (2009), "Banques européennes : les plans de soutien à l'épreuve de la récession", Conjonctures, BNP-Paribas, Janvier 2009.
Améliorer (Refonder ?) la réglementation
Institutions Concernées
Niveau national
Les Banques centrales nationales ainsi que les autorités financières (SEC aux Etats-Unis, AMF en France, FSA en Grande-Bretagne...)
Angleterre : Juin 2010, le nouveau ministre des finances (Georges Osborne) annonce la suppression de la FSA (Financial Services Authority) qui avait été créé en 1997. La BoE retrouve la responsabilité de la régulation macro et micro-prudentielle.
Niveau européen
Septembre 2010 : accord sur la supervision financière dans l'UE en vue de la création de nouvelles autorités chargées de surveiller les risques macroéconomiques et les secteurs de la banque, de l'assurance et des marchés.
Entrée en fonction le 1er janvier 2011 du CERS, Conseil Européen du Risque Systémique (Antoine Bouveret, un ancien de la prépa Monet, en fera partie !) et de 3 autorités de supervision des marchés, des banques et des assurances.
Niveau international
- Le Forum de stabilité financière du G7 (réunit banquiers centraux, ministres des finances et autorités de régulation de chaque pays), devenu Conseil de la Stabilité Financière.
- Le Fonds Monétaire International (FMI)
- La Banque Mondiale
- La Banque des Règlements Internationaux (BRI)
- L'Organisation Internationale des Commissions de Valeurs (OICV), qui fédère les régulateurs des marchés financiers.
- Le Conseil de la Stabilité Financière
Créé en avril 2009, il remplace le Forum de Stabilité financière. 19 pays sont membres, ceux du G7 auxquels s'ajoutent les pays suivants : Argentine, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Corée du Sud, Mexique, Russie, Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Turquie et Espagne. Le conseil est installé à la BRI à Bâle.
- Le Comité de Bâle
Créé en 1974 suite à la défaillance d'une banque allemande, il réunit les autorités financières de 13 pays (Allemagne, Belgique, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et Suisse) et vise à établir des règles afin d'éviter la propagation d'une crise financière.
Le Ratio Cooke (nom d'un ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre) avait été mis en place en 1988 : il s'agissait d'un ratio de solvabilité fixant un minimum de 8% pour le rapport entre les fonds propres et les engagements des banques. Les faiblesses du Ratio Cooke (Bâle I) dans sa capacité à apprécier la solidité financière des banques a amené une réforme entamée à la fin des année 1990 et entrée en vigueur en 2008 (Bâle II). Elle a donné naissance notamment à un nouveau ratio de solvabilité (Ratio McDonough). On distingue plusieurs ratios en fonction de la qualité des fonds propres :
- Le Tier One : c'est le noyau dur des fonds propres des banques, incluant le capital social, le report à nouveau, les réserves, les résultats non encore distribués, les actions ordinaires... Le ratio Tier 1 est fixé à 4%. A l'intérieur du Tier 1, on distingue le Core Tier 1 qui comporte les fonds propres durs : le ratio Core Tier 1 est fixé à 2%.
- Le Tier 2 : décomposé en 'upper Tier 2' et 'lower Tier 2' ajoute au Tier One des fonds propres moins stables (fonds propres complémentaires) comme les fonds de garantie ou les provisions.
- Le Tier 3 : ajoute des fonds propres surcomplémentaires.
Thèmes, propositions et mesures
Le rapport du Groupe des 30 proposant un "cadre pour la stabilité financière " (Janvier 2009)
Le Groupe des 30 est un think tank international réunissant économistes, anciens dirigeants de banques centrales ou du Trésor.
Le rapport présenté en janvier 2009 par Paul Volcker (nommé Président de l'Economic Recovery Advisory Boad par Obama) appelle :
- A un élargissement de la réglementation à toutes les institutions qui peuvent être sources de risque systémique. Cela inclue, outre les banques commerciales, les banques d'affaires, les fonds spéculatifs, les assureurs, les 'mutual funds'...
- A la prise en compte, dans la réglementation prudentielle, au-delà des seules considérations de capital (ratios de solvabilité type Bâle I), des questions de liquidité et de la gestion des risques.
- A un développement de la cohérence et de la coopération internationale.
Réglementer les agences de notation.
Plusieurs critiques touchent les agences de notation.
Le marché est fortement concentré avec 2 agences (Standard & Poor's et Moody's) qui se partagent 80% du marché.
La notation, si on reconnaît le contexte d'incertitude radicale qui caractérise la prévision, n'est l'expression que d'une opinion et pas le résultat objectif d'un calcul. Or cette opinion a des effets procycliques, donc déstabilisateurs, accentuant la montée des cours lorsqu'elle accompagne l'optimisme ambiant et renforçant la chute dans le cas contraire.
Le principe même de fonctionnement : les entreprises payent l'agence pour que celle-ci leur affecte une note. Selon Denis Kessler, vice-président du MEDEF, 'C'est comme si les restaurants payaient le guide Michelin pour donner leurs notes.' Certains enseignants rêvent d'un système d'éducation dans lequel les élèves paieraient les professeurs pour que ceux-ci leur donnent une note ; d'autres (sans doute pas enseignants) rêvent d'un système d'éducation dans lequel les enseignants paieraient les élèves pour que ceux-ci évaluent la qualité de leur enseignement. On comprend aisément pourquoi des conflits d'intérêts ont une forte probabilité d'apparaître. Ajoutons que les actionnaires de ces agences (Warren Buffet, par exemple, détient 13% du capital de Moody's par le biais de sa holding financière, Berkshire Hathaway) sont souvent au capital d'institutions financières ayant recours à la notation des agences, autre source évidente de conflit d'intérêts.
En mai 2010, le procureur général de New York, Andrew Cuomo, a entamé une enquête portant sur huit banques (Goldman Sachs, Morgan Stanley, Citigroup, Credit Suisse, Deutsche Bank, Crédit agricole, et Merrill Lynch, aujourd'hui détenue par Bank of America pour déterminer si elles avaient fourni des informations trompeuses aux agences chargées de noter leurs titres hypothécaires (Standard & Poor's, Fitch Ratings et Moody's Investor Service). Andrew Cuomo s'est également intéressé aux employés des agences de notation embauchés par les divisions hypothécaires des banques afin de les aider à créer des opérations hypothécaires mieux notées qu'elles ne le méritaient (Le Monde du 13/05/2010).
En juin 2010, trois anciens salariés de Moody's révèlent l'affaiblissement progressif dans les années 2000 des critères de notation utilisés par l'agence pour noter leurs clients. Phil Angelides, Le président de La commission d'enquête fédérale sur la crise financière (FCIC), créée en 2009 et ayant auditionné les salariés de Moody's, résume : l'agence est "devenue une usine de triple A".
Mark Froeba, ex-cadre dirigeant de la branche produits dérivés de Moody's décrit l'évolution de la manière suivante. "Quand j'ai rejoint Moody's fin 1997, la pire crainte d'un analyste était de contribuer à l'attribution d'une note qui serait fausse, de causer des dégâts à la réputation d'exactitude de Moody's, et de perdre son travail en conséquence. Quand j'ai quitté Moody's (voici deux ans, ndr) la pire crainte d'un analyste était qu'il fasse quelque chose qui le verrait désigné comme responsable d'avoir mis en danger la part de marché de Moody's, de causer du tort à son chiffre d'affaires ou de dégrader les relations de Moody's avec ses clients et de perdre son travail en conséquence." (cité par La Tribune du 02.06.2010)
Selon Eric Kolchinsky, autre ancien salarié de Moody's, qui fut un temps chargé de la notation des CDO liés aux crédits "subprime", "Même s'il n'y a jamais eu d'instruction explicite pour abaisser les critères de notation, il fallait s'expliquer et se défendre sur chaque contrat raté". D'après lui, la dérive a débuté en 2007 quand une part importante de la rémunération des cadres a commencé à être payée en actions et en options.
En août 2010, la SEC accuse Moody's d'avoir commis et caché des erreurs dans la notation de certains titres de dette. L'erreur concerne la notation de certains produits dérivés de titre de dette appelé CPDO. Elle découverte par un analyste de l'agence début 2007 mais est délibérément demeurée cachée à cause des conséquences négatives qu'entraînerait sa révélation pour la réputation de Moody's (La Tribune du 31.08.2010).
Instaurer une taxe bancaire et une taxe sur les transactions financières
La lutte contre certaines pratiques des 'centres financiers offshore' dits paradis fiscaux
Il s'agit d'un des enjeux cruciaux. La stabilité financière internationale étant un équilibre coopératif, elle est par conséquent menacée par la tentation du free riding. Les paradis fiscaux sont des free riders, tentant d'attirer les capitaux grâce à une fiscalité quasi inexistante, la garantie d'un secret concernant l'identité des détenteurs de ces capitaux (absence de transparence) et l'absence de réglementation.
L'OCDE publie annuellement une liste de paradis fiscaux "non coopératifs" comme Andore, le Lichtenstein et Monaco, lesquels sont peu enclins à signer des accords d'échanges de renseignements fiscaux avec d'autres pays.
Le Sommet de Londres du G20 (avril 2009) a lancé la création de listes de paradis fiscaux.
La réglementation des systèmes de rémunération dans les institutions financières
Janvier 2010, Washington : Les dirigeants des grandes banques US (Golman Sachs, JP Morgan, Morgan Stanley, Bank of America) prêtent serment devant la commission d'enquête sur la crise financière. Pour ces dirigeants, une seule explication de la crise : la fatalité, le caractère naturellement imprévisible de l'évolution économique. Bref, la volonté de Dieu. Lire l'article de l'Express. |
Primes, bonus et stock-options sont considérés comme ayant incité à la maximisation des profits, plus-values et volumes à court terme sans s'attacher aux risques à plus long terme impliqués par les décisions prises.
Les bonus versés en 2009 aux Etats-Unis (145 mds $) ont augmenté de 17% par rapport à 2008. D'après le Wall Street Journal, les rémunérations variables (primes, bonus, stock-options...) sont passées de 139 mds $ en 2009 à 144 mds en 2010 (La Tribune du 12/10/2010).
UBS a versé 2,2 mds de francs suisses de bonus à ses salariés malgré une perte record de 20,9 mds. Peter Kurer, le Président ayant quitté ses fonctions en avril 2009 en précisant "La plupart des objectifs que je m'étais fixés ont été atteints", a touché 2 millions de francs suisses en 2008 (et continuera à toucher son salaire pendant 6 mois après son départ). Son successeur, Kaspar Villiger, ex-ministre des finances de 1995 à 2003, touchera 850000 francs par an, sans actions ni bonus. Il dit qu'il peut aider à renforcer à nouveau les valeurs essentielles du pays que sont l'intégrité, l'application au travail et la fiabilité.
Goldman Sachs a octroyé 10.9 mds $ de salaires et bonus à ses employés en 2008 (alors que la 1ère perte trimestrielle de son histoire était enregistrée au 4e trim 2008 et qu'une aide de 10 mds était reçue de l'Etat), 16.2 mds en 2009. En janvier 2010, la banque annonce un plafonnement à 1 mil £ (1.13 mil €) des rémunérations de ses 100 plus hauts dirigeants basés à Londres.
Grande-Bretagne. Instauration en 2010 d'une taxe de 50% sur les bonus au-delà 25000 £ (28000 €). Cette taxe n'a pas vocation à être reconduite les années suivantes. Elle devra être payée par les banques elles-mêmes. On estime en 2009 à 5000 le nombre de banquiers touchant en Grande-Bretagne un bonus supérieur à 1 mil £.
France.
2009 : Instauration d'une taxe de 50% sur les bonus décidés en 2009 au-delà de 27500 € et quelle que soit leur forme (cash, actions). Cette taxe n'a pas vocation à être reconduite les années suivantes. Elle concerne les traders des banques françaises et travaillant en France. Environ 2500 employés sont concernés. Les activités de banque privée et de banque de financement ainsi que celles des fonds de private equity ou des hedge funds ne sont pas concernées.
Le produit de cette taxe sera affecté au Fonds de garantie des dépôts bancaires, dans le contexte de l'extension (décidée au niveau européen), de 70000 à 100000 €, de la garantie des dépôts des clients des banques.
Décembre 2010 : transposition de la directive européenne sur la rémunération des opérateurs de marché (CRD 3). 40 à 60% (pour les plus grosses rémunérations) des bonus devront être versés de manière différée sur une durée minimale de 3 ans.
Parade des banques : diminuer la partie variable (taxée) des rémunérations et augmenter la partie fixe. Ce qui constitue une clarification : bénéfices ou non, les rémunérations resteront les mêmes. Ce qui prouve également les limites des mesures ciblées en matière fiscale : une fiscalité efficace et juste repose sur des règles générales (donc des assiettes larges).
L'installation de collèges de supervision
Proposés par le Sommet de Londres (avril 2009), ces collèges doivent regrouper des superviseurs bancaires et prudentiels nationaux pour surveiller les banques et assureurs ayant des activités internationales.
Le problème des relations ambigües entre le monde financier et l'administration (lobbying...)
Entre les discours de première intention et l'élaboration réelle de la réglementation, la teneur de cette dernière change systématiquement dans un sens plus favorable au secteur bancaire financier. Comment l'expliquer ?!
Entre 2000 et 2006, entre 60 et 100 mil $ par an ont été déboursés par le secteur financier pour des actions de lobbying auprès des parlementaires américains. En 2009, sur les 12 premiers mois, ce sont 120 mil $ qui ont été déversés sur le Congrès (source : L'Express)
Goldman Sachs et l'administration américaine : le ver est dans le fruit. Henri Paulson, secrétaire d'Etat au Trésor sous G.W. Bush, est celui qui a laissé Lehman Brothers faire faillite. Mark Patterson, conseillé de Tim Geithner (secrétaire d'Etat au Trésor sous Obama). Gary Gensler dirige la commission chargée de contrôler les produits dérivés. Tous ont été voire sont encore membres de Goldman Sachs.
Au 1er trim 2010, alors que se prépare la réforme de la régulation financière aux Etats-Unis, Goldman Sachs a presque doublé les fonds versés à des groupes de pression, les portant à 1.2 mil $ pour ce seul trimestre. Dans la perspective des législatives de 2010, la banque a effectué pour 300000 $ de dons à des candidats ou comités nationaux de partis, dont 58% pour les Républicains, alors que la majorité des dons allait aux Démocrates auparavant (Le Point).
Bâle III
Une réflexion sur un Bâle III est entamée depuis 2009. Elle porte essentiellement sur la procyclicité que créent les ratios de solvabilité tels qu'ils sont conçus au sein de Bâle II. En effet, la montée du risque dans les périodes de crise économique et financière oblige les banques à renforcer leurs fonds propres et à réduire leur prise de risque, donc à octroyer moins de crédits. Nous aurons donc peut-être bientôt un ratio Nout Wellinck, Président du Comité de Bâle en 2009. Parmi les ratios envisagés, Nout Wellinck évoque un simple leverage ratio, c'est-à-dire un simple ratio actif/passif, non basé sur le risque.
Un premier texte a été déposé en décembre 2009, posant trois principes généraux : limiter l'effet de levier, accroître la liquidité des banques, mieux calibrer les exigences de fonds propres en fonction des risques spécifiques aux différents métiers des banques (par exemple, le trading pour compte propre). Parmi les mesures phares envisagées : l'introduction d'un ratio d'effet de levier et l'accent mis sur une mise en réserve des bénéfices des banques au cours des périodes fastes pour faire face aux périodes difficiles. L'entrée en vigueur de Bâle III est à cette date prévue fin 2012.
Un nouveau texte est déposé en juillet 2010. 3 assouplissements importants par rapport au projet initial. Ils portent sur les contreparties nécessaires pour faire face au risque de crédit, sur les limites en matière d'endettement et sur les intérêts minoritaires des filiales (les banques pourraient comptabiliser dans leurs fonds propres les capitaux de filiales ou de participations dans d'autre banques ou compagnies d'assurance).
L'accord conclu au sein du Comité de Bâle en septembre 2010 se résume aux règles suivantes :
- le ratio Core Tier 1 passe de 2% à 4.5% du total du bilan.
- constitution d'un "matelas de précaution" supplémentaire de 2.5%.
- possibilité d'imposer un "coussin contra-cyclique" appliqué en période de croissance, pouvant aller jusqu'à 2.5% du total du bilan.
Ces nouvelles règles, très allégées par rapport à celles qui avaient été évoquées auparavant, seront assorties d'une période d'adaptation d' "environ huit ans" (Nout Wellink). L'ensemble a été salué, au lendemain de la décision, par une hausse marquée des valeurs bancaires sur les marchés financiers... Pourtant, les représentants du lobby bancaire comme les idéologues hostiles à toute forme d'intervention étatique affichent leur mécontentement et agitent le chiffon rouge des effets pervers de telles mesures en termes d'efficacité économique. Par exemple, l'Usine Nouvelle du 13/09/2010 : "Bâle III : le crédit mis à mal par les nouvelles normes bancaires".
La réforme de la supervision et du contrôle bancaires et financiers aux Etats-Unis
- Juillet 2008 : Ensemble de dispositions devant protéger les emprunteurs contre des "pratiques injustes ou trompeuses" (Ben Bernanke) dans le crédit immobilier. Parmi les mesures, l'interdiction faite aux prêteurs d'octroyer un prêt à taux très élevé à un emprunteur qui n'aurait pas la capacité de le rembourser via ses revenus ou des actifs autres que la valeur de sa propre résidence. Ce calcul doit être effectué en fonction de la plus haute mensualité devant être réglée au cours des sept premières années du prêt (Reuters). Interdit également : les pénalités en cas de remboursement anticipé (véritables pièges enchaînant les emprunteurs) des prêts à "très haut coût", notamment lorsque ceux-ci stipulent que le taux d'intérêt peut être relevé au cours des quatre premières années.
- Juin 2009 : Le projet de réforme Obama
1) Extension du rôle de la Fed dans la gestion du risque systémique, notamment au travers d'un mécanisme de démantèlement en douceur des grosses institutions financières non bancaires.
2) Création du Conseil de la supervision des services financiers (Financial Services Oversight Council). Ce conseil est présidé par département du Trésor et réunit les responsables de toutes les instances de régulation : Federal Housing Finance Agency (FHFA, assure la stabilité du marché hypothécaire), Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC, assure la garantie des dépôts jusqu'à 250000 $ par personne), National Bank Supervisor (nouveau superviseur bancaire, né de la fusion de régulateur des caisses d'épargne et de l'autorité de tutelle des banques américaines), Federal Reserve Bank, Commodity Futures Trading Commission (CFTC, régule les contrats à terme et options), Securities and Exchange Commission (SEC, gendarme des marchés d'actions et options sur actions), Consumer Financial Protection Agency.
3) Création d'une Agence de protection du consommateur de produits financiers (Consumer Financial Protection Agency). Chargée de protéger le particulier contre des 'pratiques inéquitables, trompeuses ou abusives' de la part des établissements bancaires et non bancaires. Elle doit permettre transparence et simplicité dans les produits et services financiers (crédit, épargne, moyens de paiement) proposés aux particuliers.
- Novembre 2009 : projet de régulation financière proposé par Christopher Dodd (Président du Comité bancaire au Sénat). Le projet prévoit notamment :
1) Une agence de protection des consommateurs (voir l'interview de Joseph Stiglitz, réalisée par l'Express)
2) Une autorité indépendante de régulation ("The Financial Institutions Regulatory Administration") des banques présentant un risque systémique.
- Mars 2010 : projet de loi du gouvernement. Deux volets :
1) Interdiction pour les banques de dépôts (garantis pas l'Etat) ou les sociétés les contrôlant de "spéculer pour leur propre compte". Il s'agit du retour d'une certaine spécialisation bancaire (après l'abrogation du Glass Steagall Act).
2) Limiter la concentration bancaire lorsqu'elle peut aboutir à la constitution d'institutions "too big to fail". Ces dernières savent que le prêteur en dernier ressort interviendra systématiquement si elles se retrouvent en difficulté. Il s'agit donc pour celles-ci d'une incitation à des prises de risque excessives (aléa moral). A noter cependant, qu'un argument est à opposer à cette logique : un secteur bancaire constitué d'une multitude de petites banques est davantage susceptible de rencontrer des phénomènes de panique engendrant des courses à la liquidité et, par conséquent, des faillites en chaîne.
- Juillet 2010 : loi de régulation financière (Dodd-Frank Act). Souvent présentée comme la plus vaste réforme depuis la Grande dépression des années 1930, elle comporte notamment les points suivants.
1) Regroupement des activités à risque des banques commerciales dans une filiale spécifique. Cette filiale ne pourra pas être sauvée par des fonds publics en cas de difficultés. En dehors de ces filiales spécifiques, les banques commerciales ne pourront réaliser des investissements dans des hedge funds, dans le capital investissement, des opérations de trading pour compte propre (...) qu'à hauteur de 3% de leurs fonds propres.
2) Création d'une agence de protection des consommateurs de services financiers. En septembre 2010, la juriste Elisabeth Warren est chargée d'installer cette agence. Selon elle, l'agence sera comme "un flic faisant sa ronde" et le temps des ruses et des pièges est révolu (La Tribune du 19/09/2010).
3) Obligation de réaliser les opérations sur produits dérivés sur un marché organisé doté d'une chambre de compensation.
Les éléments du projet abandonnés :
1) Taxe bancaire.
2) Fusion des autorités de régulation (banques et marchés). L'OTS a été supprimée mais l'OCC a été créée (voir le schéma ci-dessous). Selon le FMI, "une occasion semble avoir été manquée de réduire le nombre d'administrations chargées de la supervision, ce qui leur laissera une lourde tâche pour coopérer efficacement pour éviter les lacunes et les doublons" (Le Point, 08/07/2010)..
Source : La Revue Banque.
La réforme de la supervision et du contrôle bancaires et financiers dans l'Union européenne
Janvier 2011 : entrée en fonction du Comité européen du risque systémique (CERS) et de trois autorités européennes de supervision respectivement pour la banque, l'assurance et les marchés : l'Autorité bancaire européenne (ABE), l'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP) et l'Autorité européenne des marchés financiers (AEMF).
Les trois autorités seront remplaceront les Comités européens de superviseurs.
- Elles seront chargées de contribuer à l'harmonisation des pratiques en matière de règlement et de surveillance au niveau européen et élaboreront à cet effet des normes techniques juridiquement contraignantes. Il ne faut pas négliger ici le risque que, comme pour bon nombre des règles au niveau européen, l'harmonisation se fasse sur la base des règles les moins contraignantes...
- Elles contribueront au bon fonctionnement des collèges de superviseurs chargés du suivi des établissements transfrontières.
- Les autorités devront veiller à l'application des règles européennes par les superviseurs nationaux. En cas de manquement à la réglementation, elles disposeront de pouvoirs contraignants ; elles pourront notamment adopter en dernier recours des décisions qui adressées directement aux institutions financières concernées.
- Elles interviendront en tant que "médiateur" en cas de désaccord entre deux superviseurs nationaux. Leurs décisions pour régler ces différends seront contraignantes pour les autorités concernées.
- Dans des situations dites "d'urgence", autrement dit de risques pesant sur la stabilité des marchés, elles pourront exiger des autorités nationales la mise en place de mesures pour régler la situation.
- Elles auront la possibilité d'interdire ou de restreindre temporairement certaines activités ou produits menaçant le bon fonctionnement et l'intégrité des marchés financiers ou la stabilité financière.
Le Comité européen du risque systémique (CESR), dirigé pendant les cinq premières années par le président de la BCE, sera quant à lui chargé de détecter les menaces potentielles pesant sur le système financier.
Les plans de relance budgétaire
Quelques questions autour de la relance
Relance par la consommation ou par l'investissement ?
Les Etats-Unis combinent les deux alors que l'UE préfère l'investissement. Ce qui, selon Philippe Aghion, expliquerait la lenteur des effets de la relance en Europe : "Les pays de l'UE ont renoncé à une relance par la consommation par peur que cela ne profite à leurs voisins mais ils sont aujourd'hui réduits à attendre les retombées du plan américain" (mai 2009)
Quid du déficit et de la dette ? (voir + loin dans Les autres enjeux de la crise et dans Les enjeux de la sortie de crise)
Le tableau des plans de relance
Pays | Mesures |
|
Montant |
Grande-Bretagne |
Novembre 2008 : allègements fiscaux, notamment baisse de la TVA (de 17,5% à 15%). |
Gordon Brown |
18 à 19,2 mds € |
Allemagne |
Octobre-Novembre 2008 : allègements de cotisations sociales, augmentation des allocations pour les jeunes enfants, exonération de taxes sur les achats de voitures neuves, renforcement des aides au financement des PME. |
Angela Merkel |
32 mds € sur 2 ans (1,3% du PIB) |
France
|
Octobre 2008 : aides au financement des PME (mobilisation des ressources des livrets de développement durable et d'épargne populaire, crédits et garanties via Oséo). |
Nicolas Sarkozy |
22 mds € (dont 19 mds de réaffectations et 3 mds de garanties) |
Novembre 2008 : création d'un fonds souverain (le Fonds stratégique d'investissement) pour soutenir l'industrie et défendre les secteurs stratégiques. |
20 mds € (6 mds de fonds nouveaux) |
||
Janvier 2009 : remboursement accéléré de créances des entreprises sur l'Etat, investissements anticipés dans les entreprises publiques (EDF, La Poste, SNCF)), plan 'zéro charges' pour les TPE (prolongé en 2010), prime à la casse (prolongement partiel en 2010), grands travaux (infrastructures, bâtiments). | 26 mds €, porté à 38 mds par la suite. | ||
Italie |
Novembre 2008 : aides aux familles à bas revenus (chèque de bonus, réduction des factures d'électricité et de gaz, carte prépayée pour les biens de première nécessité), aides aux entreprises (déductions fiscales, augmentation des ressources du fonds de financement du chômage technique), financement de dépenses d'infrastructures |
Silvio Berlusconi |
80 mds € |
Espagne |
Novembre 2008 : infrastructures... |
José Luis Rodriguez Zapatero, Président du gouvernement espagnol |
11 mds € (1,1% du PIB) |
Pays-Bas |
Novembre 2008 : mesures, fiscales notamment, de soutien aux entreprises ; indemnisation des salariés au chômage technique. |
Jan Peter Balkenende, Ministre-Président Néerlandais |
6 mds € (1% du PIB) |
Union Européenne |
Novembre 2008 : infrastructures de transport et amélioration de l'accès haut débit à Internet, accélération des dépenses du Fonds social européen en faveur des régions les plus pauvres, mobilisation facilitée des dépenses du Fonds d'ajustement à la mondialisation (en faveur du secteur automobile notamment) |
|
30 mds € (0,2% du PIB) |
Etats-Unis |
Février 2008 : Plan Bush. Remboursements d'impôts pour les ménages. |
|
168 mds $ sur 2 ans Plan prolongé de 2 ans en 2010 |
Janvier 2009 : Plan Obama. Dépenses d'infrastructures pour 60% (routes, ponts, écoles, installations électriques, énergies renouvelables), allègements fiscaux pour les ménages et les entreprises |
|
787 mds $ (6% PIB) | |
Japon |
Octobre 2008 (1er plan de relance) : réductions d'impôts, aides directes aux ménages, allocations familiales, allocations vieillesse, prêts aux petites entreprises, une aide pour les jeunes travailleurs précaires, une baisse des tarifs des autoroutes…, distribution de bons à consommer aux ménages en cas de crise de confiance. |
Taro Aso, Premier Ministre |
207 mds € |
Décembre 2008 (2e plan de relance) : baisse d'impôts essentiellement, aides aux travailleurs temporaires récemment licenciés. | 83 mds € (+107 mds pour la recapitalisation des banques) | ||
Avril 2009 (3e plan de relance) : aides aux technologies environnementales, aux énergies propres, services de santé, aide sociale, éducation, infrastructures publiques... | 115 mds € de dépenses directes (+315 mds pour les garanties de prêts et les réductions fiscales), 22 mds gelés suite au changement de gouvernement. | ||
Décembre 2009 (4e
plan de relance) : aides à l'emploi, subventions aux appareils
ménagers et aux immeubles préservant l'environnement, aides à l'achat de
voitures 'propres'. La dette publique atteint 200% du PIB. |
Yukio Hatoyama, Premier Ministre à partir de septembre 2009. |
54 mds € de dépenses directes (+130 mds de garanties... ne nécessitant pas de déblocages de fonds immédiats.) | |
Octobre 2010 : aides aux économies régionales et aux petites entreprises. |
Naoto Kan, Premier Ministre à partir de juin 2010. |
44 mds € (5050 mds de yens) | |
Chine |
Novembre 2008 : infrastructures pour 60%. |
Hu Jintao, Président de la République populaire de Chine |
450 mds € sur 2 ans (7% du PIB) |
La gestion des déficits budgétaires et de la dette publique
Dette publique et dictature des marchés financiers
Quel est le problème ?
Certes, en bon économiste, on peut s'intéresser aux effets des déficits et de la dette en termes d'équilibre, d'efficacité, voire en termes de répartition.
Cependant, dans l'immédiat le problème posé par la dette est celui de la capacité des Etats à lever des capitaux à un coût (taux d'intérêt) raisonnable sur les marchés financiers pour financer leurs déficits. Or, que la déficits soient justifiés ou non dans la perspective d'une relance, que la dette soit soutenable ou non, lorsque les spéculateurs ont jeté leur dévolu sur un pays et décident de spéculer sur la hausse des taux des obligations émises par ce pays, ils le font (et puis c'est tout).
Avant de 'raisonner en bon économiste', il faut donc résoudre préalablement un problème institutionnel essentiel : casser la spéculation sur les emprunts d'Etat. Pour cela, on peut par exemple :
- la rendre illégale. L'interdiction de la vente à découvert à nu (vendre des titres que l'on n'a même pas emprunté) des emprunts d'Etat de la zone euro et des CDS adossés à ses obligations, par l'Allemagne en mai 2010 peut être une ébauche de solution.
- obtenir l'engagement d'une institution dans le rachat systématique des titres émis par l'Etat qui ne trouveraient pas preneur sur les marchés financiers (les spéculateurs sauraient qu'il serait vain, par exemple, d'espérer une flambée des taux d'intérêt sur les titres de la dette publique). Evidemment l'institution qui s'impose a priori est la banque centrale, ce qui pose certaines questions concernant son statut d'indépendance...
Gestion des crises de la dette publique
- 2009 : à côté des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), pays émergents en croissance rapide, l'acronyme PIGS se diffuse pour désigner les quatre pays (Portugal, Ireland, Greece, Spain) caractérisés par des difficultés de financement de leurs déficits publics.
- mai 2010 (crise grecque) : plan de 110 mds € en faveur de la Grèce. 80 mds de prêts bilatéraux de pays de la zone euro. 30 mds de prêts du FMI.
- mai 2010 : mise en place d'un fonds de crise de 750 mds € (UE et FMI) destiné aux pays de la zone euro affrontant de graves difficultés économiques. Ce fonds est constitué de 60 mds € pouvant être empruntés par la Commission européenne sur les marchés (c'est le Mécanisme européen de stabilité financière, MESF), de 440 mds de prêts bilatéraux ou de garanties des Etats membres de l'UE (c'est le Fonds européen de stabilité financière, FESF, instrument intergouvernemental prenant la forme d'une société anonyme de droit luxembourgeois, dont la durée de vie est fixée à 3 ans) et de 250 mds fournis par le FMI si nécessaire. Précisons que ce qu'on appelle garantie consiste pour l'essentiel en l'engagement que prennent les pays participants au FESF de garantir des obligations émises par certains Etats s'ils venaient à faire défaut sur leur dette.
Le fait qu'un organe européen puisse émettre des obligations destinées à financer les Etats européens peut être interprété comme lançant l'élaboration d'un marché des euro-obligations, c'est-à-dire un marché sur lequel les pays européens mutualiseraient une partie de leurs dettes publiques (à ne pas confondre avec le sens que l'on donne à se terme depuis les années 1960 et désignant les obligations émises ailleurs que dans le pays d'origine de la devise dans laquelle elles sont libellées). Les pays les plus réticents à l'émission de telles euro-obligations sont ceux qui empruntent actuellement à des taux d'intérêt inférieurs à ceux auxquels seraient émis ces titres, taux qui seraient nécessairement une moyenne des taux d'intérêt des pays ayant des risques de défaut faibles (Allemagne, France) et ceux des pays ayant des risques de défaut élevés (les PIGS).
Le FESF est amené à être remplacé en 2013 par un instrument permanent de gestion de crise : le Mécanisme européen de stabilité (MES) (décision de mars 2011). La capacité de financement globale du MES est fixée à 500 mds €, s'appuyant sur du capital versé, du capital exigible et des garanties. L'aide fournie par MES prend la forme de prêts mais peut également se traduire par des interventions directes sur le marché primaire de la dette. Dans l'attente de la mise en place du MES, la capacité d'intervention du FESF a été élargie en juillet 2011 : il peut notamment désormais acheter des titres de dettes publiques sur le marché secondaire des obligations.
Parallèlement, la BCE lance un programme d'achat d'obligations publiques de pays en difficultés. Ce programme est l'objet de tensions au sein même du conseil des gouverneurs de la BCE. Selon les traités européens, il est en effet interdit à l'Eurosystème d'accorder des prêts aux organes communautaires ou à toute entité nationale du secteur public, ce qui accroît son indépendance en le mettant à l'abri de toute influence des autorités publiques nationales. En particulier, l'article 123 du traité de Lisbonne (entré en vigueur en 2009) interdit "à la BCE et aux banques centrales des Etats membres (...) d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des Etats membres ; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la BCE ou les banques centrales nationales des instruments de leur dette est également interdite." (voir l'article publié sur Agoravox intitulé "Traité de Lisbonne, article 123 : le coup d'état de la finance")
Certes, le fait que la BCE achète des obligations publiques sur les marchés secondaires d'obligations, doit se distinguer, d'une part, de prêts que la Banque accorderait aux Etats, pouvant ainsi amener à "faire marcher la planche à billets" pour financer les déficits publics et, d'autres part, d'une acquisition d'obligations émises par les institutions publiques sur le marché primaire ("acquisition directe"). Néanmoins, la différence peut apparaître subtile...
En décembre 2010, Mario Draghi (membre du conseil des gouverneurs et successeur pressenti de JC Trichet) déclare : "Je suis tout à fait conscient des risques que nous avons de franchir la ligne et de perdre tout ce que nous avons, de perdre notre notre indépendance et au fond, de violer [les traités européens]" (Financial Times).
En août 2011, le président de la République allemand, Christian Wulff, dit qu'il "considère l'achat massif d'emprunts de certains pays par la BCE pour contestable juridiquement."
Un enjeu central de la crise de la dette en Europe est la survie de la zone euro. En effet, lorsqu'un pays connaissant une croissance forte de ses déficits et de sa dette publics ne trouve plus de créanciers (publics ou privés), il doit, si l'on écarte la solution consistant à faire défaut sur tout ou partie de sa dette, soit réduire ses déficits internes soit dégager des excédents extérieurs. Dans une situation d'urgence, ce pays ne peut se tourner vers des solutions de moyen et long termes visant des gains de croissance potentielle et de compétitivité structurelle. Il ne lui reste donc que la politique de rigueur (réduction des dépenses publiques et/ou augmentation des prélèvements) ou la dévaluation. Or, pour un pays appartenant à la zone euro, recourir à la dévaluation suppose au préalable de sortir de cette zone. Deux remarques :
1) Parler d'éclatement de la zone euro en cas de sortie de certains pays de la zone peut paraître excessif dans la mesure où les sorties pourraient n'être que temporaires. Il est possible de faire un parallèle avec la crise du SME en 1992-1993, crise au cours de laquelle l'élargissement des bandes de fluctuations des monnaies du système n'a pas été le prémisse à un éclatement du SME.
2) Plutôt qu'une sortie de la zone euro puis une dévaluation des pays connaissant des déficits extérieurs importants, on peut préférer une sortie (éventuellement temporaire) de l'Allemagne (idée suggérée par Stiglitz). Une dévaluation d'un "nouveau drachme" grec rendrait difficile le remboursement des dettes de ce pays puisque ces dettes ont été libellées en euros. Ce ne serait pas le cas pour l'Allemagne dont le "nouveau deutschemark" serait a priori amené à s'apprécier.
- décembre 2010 (crise irlandaise) : l'UE adopte un plan de sauvetage de 85 mds € pour l'Irlande. 45 mds proviennent de l'UE, le reste du FMI et de prêts bilatéraux (notamment de pays hors zone euro : R-U, Suède, Danemark). C'est à cette occasion que le FESF lance sa première émission obligataire (janvier 2011). Objet : recapitalisation des banques (10 mds), mises en réserve (25 mds) et problèmes budgétaires (50 mds). source : site europa.eu
- mai 2011 (crise portugaise) : assistance financière de l'UE de 78 mds € pour le Portugal. Assistance supportée à parts égales par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF) et le Fonds monétaire international (FMI). Trois contreparties exigées : 1) ajustement budgétaire (avec réduction des dépenses, réforme du système de santé et de l'administration publique, privatisations), 2) doper la compétitivité et le potentiel de croissance (réformes du marché du travail et du système judiciaire...), 3) Assainir le secteur financier et renforcer la structure de capital des banques.
- août 2011 : la BCE active à nouveau son programme d'achat d'obligations publiques (italiennes et espagnoles). Le volume d'achats depuis mai 2010 s'élève à 110.5 mds €.
A voir : une infographie du journal Le Monde sur les déficits, la dette publique et les taux d'intérêt à long terme en Europe entre 2001 et 2010 ; une autre infographie de l'Huffington Post sur les plans d'aides.
La montée du protectionnisme
Petite phrase de Wen Jiabao (Premier ministre chinois) en mars 2010 : "Je peux comprendre le désir de certains pays d'accroître leurs exportations, mais ce que je ne comprends pas, c'est déprécier sa propre monnaie et tenter de faire pression sur les autres pour les apprécier dans le but d'augmenter les exportations. De mon point de vue, c'est du protectionnisme" (cité par La Tribune)
Instabilité et guerre monétaires
Avec l'UEM, le temps des crises de change (crises du SME) au sein de la zone euro est révolu. Par ailleurs, la crise venant des Etats-Unis, donc du pays détenant la monnaie de réserve internationale, les risques que le s'ouvre le troisième volet d'une crise financière (la crise de change, aux côtés de la crise bancaire et de la crise boursière) sont assez faibles.
Néanmoins, des retraits massifs de capitaux de certains pays émergents dont la monnaie n'est arrimée ni à l'euro ni au dollar ne sont pas à exclure, notamment dans les pays d'Europe Centrale et les Balkans. Un des pays concernés par ce risque est la Hongrie. Courant 2008, un épisode de fuite massive de capitaux s'est accompagné d'une dépréciation rapide du forint (15% en un mois contre l'euro), poussant les autorités monétaires à relever leurs taux directeurs (11.5%).
Par ailleurs, la relance monétaire interne peut avoir pour effet indirect une dépréciation monétaire (externe). Courant 2010, la politique monétaire de la Fed est accusée d'être à l'origine de la dépréciation du dollar. On peut donc être tenté de voir la relance interne comme l'objectif officiel donnant aux Etats-Unis un alibi à l'égard de l'attaque du yuan, monnaie non convertible accusée de longue date d'être sous-évaluée. Contrairement à l'instabilité monétaire qui touche essentiellement à des problèmes de mouvements de capitaux, donc à la spéculation, la sous-évaluation persistante du yuan tient aux excédents commerciaux de la Chine, notamment avec les Etats-Unis. Les réserves de change de la Banque populaire de Chine s'élèvent ainsi à 2650 mds $ en octobre 2010.
Selon Stiglitz, l'inondation créée par les injections de liquidités de la part de la Fed "ne fait rien pour l'économie américaine, mais amène le chaos dans le reste du monde" (octobre 2010). Précisons que Stiglitz, fidèle aux idées de Keynes, considère que dans le contexte d'une crise majeure, la politique monétaire visant à faire baisser les taux d'intérêt a des effets limités sur l'activité économique, la relance budgétaire étant la seule politique véritablement efficace.
En septembre 2010, le Japon intervient sur le marché des changes (dernière intervention en 2004) pour affaiblir le yen.
Du côté du Brésil, la banque centrale a augmenté ses taux d'intérêts en juin puis en avril 2010, portant le taux d'intérêt de base annuel (Selic) à 10.25%. Face à l'appréciation du real de 4.2% par rapport au dollar au cours des dix premiers mois de 2010 (le real a progressé de 112.13% depuis 2003), le gouvernement brésilien a fait passer la Taxe sur les placements financiers étrangers au Brésil (introduite en 2009) de 2 à 4% puis 6% en octobre 2010. De même, le gouvernement a décidé de faire passer de 0.38% à 6% la taxe perçue sur les placements financiers étrangers sur le marché brésilien des produits dérivés.
En octobre 2010, le dollar tombe à un point bas de 15 ans avec le yen, à un plancher historique face au dollar australien, à un record de faiblesse face au franc suisse...
Selon l'indice Big Mac de The Economist (indice détournant le principe de la PPA en ne s'appuyant que sur les différences de prix du célèbre sandwich), le yuan serait sous-évalué de 41% par rapport au dollar en octobre 2010, l'euro surévalué de 29% et le franc suisse surévalué de 83%.
En octobre 2010, les membres du G20 se mettent d'accord pour "s'abstenir de toute dévaluation compétitive" de leur monnaie. Rappelons que la dévaluation est une baisse de la parité officielle d'une monnaie dans un système de change fixe. Les changes étant flottants, l'accord des membres de G20 est d'une portée assez limitée ! Par ailleurs, l'accord porte aussi sur la vigilance dont les pays industrialisés feront part contre "les excès de volatilité et les mouvements désordonnés de taux de change". A noter que la proposition des Etats-Unis de limiter les excédents et déficits commerciaux à 4% du PIB n'a pas été retenu.
La montée des inégalités et des tensions sociales
Sortie de crise : le jeu des pronostics
Selon le FMI
Avril 2009 : croissance du PIB mondial à -1,3% en 2009 (-3,8% pour les pays développés), retour à la croissance (faible) en 2010 (simple stabilisation pour les pays développés).
Selon J-C. Trichet
Mai 2009 (à la BRI à Bâle en tant que porte parole du G10) : le "point d'inflexion" est proche. Reprise prévue en 2010.
Novembre 2009 (interview au Monde) : "(...) nous sommes bien sortis de la période de chute libre qui a marqué les six mois qui ont suivi à la chute de Lehman Brothers en septembre 2008. Ces chiffres confirment notre scénario de base, celui d'une reprise progressive et graduelle de l'économie."
Selon les économistes
Bourguignon en Février 2010. François Bourguignon (directeur de l'Ecole d'Economie de Paris) ne commet pas l'erreur que commentent, selon nous, les autres économistes. De même que la crise actuelle n'a pas connu jusqu'à ce jour l'ampleur de celle de 1929 parce que les autorités économiques et monétaires n'ont pas mené les mêmes politiques qu'au lendemain de la crise de 1929, les modalités de la sortie de crise dépendront des politiques économiques qui seront menées dans les trimestres ou les années à venir.
"La gestion de la sortie de crise relève plus de l'art que de la science. On sait bien ce qu'il faudrait faire : résorber les déficits et l'endettement énorme nés de la crise pour rassurer les épargnants et les contribuables. Mais à quel moment le faire ? C'est toute la difficulté. L'économiste sait dire qu'il y a des déséquilibres, qu'un régime de croissance n'est pas soutenable. Mais ne lui demandez pas de dire à quel moment agir, car on se trouve alors confronté au phénomène de la formation des anticipations, qu'il est impossible de prévoir avec certitude. Il faut du doigté et de l'intuition, qui sont le domaine de la politique. Par exemple, si un pays veut réduire ses déficits budgétaires trop vite, trop tôt, dans la phase de reprise, il risque d'entretenir des anticipations négatives sur l'investissement, et donc de provoquer la rechute de l'activité. C'est le scénario du W ou du double plongeon, qu'il faut essayer d'éviter. Si on agit à contre-courant des anticipations, on va les modifier. Les banques centrales sont confrontées au même dilemme pour normaliser la politique monétaire. Le timing sera là aussi très délicat." (in La Tribune)
Krugman en mai 2009 : le plus dur de la crise est sans doute passé.
Krugman en janvier 2010 : "il y a de grandes chances pour que les nouvelles économiques que vous allez entendre dans un futur proche soient un pic, et non une indication que nous sommes en route vers une reprise durable. Mais les politiques interpréteront-ils ces nouvelles de travers, et répèteront-ils les erreurs de 1937 ? En fait, c'est déjà le cas."
Krugman en avril 2012 : nous sommes en dépression. Tous les signes sont là : une économie qui tarde à rebondir, des taux d'intérêt à peine supérieurs à 0%, un taux de chômage aux alentours de 9%. "Ce n'est la grande misère comme en 1930, mais ce n'est pas bon". La situation semble comparable à celle du Japon des années 1990, qui s'est enlisé pendant 15 ans, sortant à peine de la dépression au moment où la crise des subprimes s'est déclenchée. (source : Financial Post).
Roubini, alias 'Docteur catastrophe' (il avait annoncé la crise dès 2005) en mars 2009 : il y a 33% de chances que l'on se dirige vers une quasi-dépression. Dans le meilleur des cas, les économies développées connaîtrons deux ou trois ans de récession.
Stiglitz en août 2009 : Ceux qui ont perdu toutes leurs économies n'auront retrouvé une vie normale que d'ici un à deux ans. Dans quatre ans, on se sera tout juste remis. Mais on restera sous le niveau qu'on aurait atteint si on avait poursuivi une voie stable plutôt que la voie de la spéculation.
Stiglitz en août 2011 : Au début de la récession, nous avons entendu moult bonnes paroles sur le fait que nous avions tiré les leçons de la Grande Dépression et de la longue léthargie nippone. A présent, nous savons que nous n'avons rien appris du tout. Le plan de relance américain était trop modeste, trop peu durable et mal conçu.
On n'a pas obligé les banques à prêter à nouveau. Nos dirigeants ont tenté de camoufler les faiblesses de l'économie - craignant peut-être qu'en parler franchement risquait de détruire totalement une confiance déjà fragile. Mais le pari est désormais perdu.
Maintenant que l'ampleur du problème est apparue en pleine lumière, une nouvelle certitude a surgi : la certitude que, quelles que soient les mesures adoptées, les choses vont empirer. Une léthargie prolongée apparaît désormais comme le scénario optimiste. (Le Monde, 16/08/2011)
Selon Laurence Parisot (Présidente du Medef)
"J'ai le sentiment que nous avons touché le fond de la vallée et que nous sommes en train d'aller vers le versant ensoleillé de la montagne." (Juin 2009).
Selon Ben Bernanke (Président de la Réserve Fédérale américaine)
"L'activité économique semble être en train de se stabiliser, à la fois aux Etats-Unis et à l'étranger, et les perspectives de retour à la croissance à court terme semblent bonnes." (Août 2009)
"D'un point de vue technique, la récession est terminée." (Septembre 2009).
"Il est certain que nous aurons encore à court et moyen terme des épreuves très difficiles. Le taux de chômage est encore proche de 10%... Nous devons jouer notre rôle pour aider l'économie à se ressaisir et faire en sorte que l'emploi reparte aux Etats-Unis." (Octobre 2010).
"on ne peut exclure que le chômage continue à grimper à court terme." (Novembre 2010)
Les enjeux de la sortie de crise
La menace d'un retour de l'inflation et la question de la réorientation des politiques monétaires
La proposition d'Olivier Blanchard
Blanchard en février 2010 : dans un article du FMI, Olivier Blanchard, Giovanni Dell'Ariccia et Paolo Mauro suggèrent que la cible de 2% d'inflation retenue depuis de nombreuses années par les principales banques centrales devrait être relevée à 4%. Le but serait de dégager des marges de manœuvre plus larges en cas de choc de grande ampleur. Au-delà de la question de l'inflation, les auteurs proposent de "repenser la politique macroéconomique". Un résumé de l'article est disponible en français.
La suggestion d'Olivier Blanchard ne semble pas faire l'unanimité. "Un objectif de 4 %, pourquoi pas 5 %, 6 % ou 7 % ?" a ironisé Ben Bernanke.
Blanchard en mai 2010 : "Je n’ai jamais préconisé une inflation à 4%. J’ai soulevé la question de savoir quel serait le taux d’inflation optimal quand l’économie est en rythme de croisière, sans proposer de chiffre particulier (...). En revanche je ne m’associe pas à ceux qui voient dans un surcroît d’inflation le moyen de réduire le poids de la dette (...)" (la Tribune, 25/05/2010)
Quand sortir des mesures non conventionnelles et relever les taux directeurs ?
Le problème des déficits budgétaires et de la dette publique et la question de la réorientation des politiques budgétaires
La relance budgétaire : cause de l'augmentation de la dette ?
Pour un keynésien, la réponse est claire : c'est non ! La relance budgétaire (qui implique de creuser le déficit) serait plutôt la solution (à condition qu'elle soit coordonnée au niveau international) : en relançant l'activité, le déficit budgétaire relance également les recettes fiscales.
D'après le FMI (interview de DSK dans Le Monde du 07/10/2010), la dette publique moyenne devrait passer de 80% à 120% du PIB dans les économies avancées entre 2008 et 2014. "Ces 40 points supplémentaires sont imputables seulement pour un dixième aux plans de relance. L'essentiel de la dégradation a été causé par la récession qui a contracté le PIB, par la chute des recettes fiscales et par le coût des restructurations bancaires."
4 solutions pour réduire le ratio dette publique / PIB (voir Aizenman and Marion (2009))
1. Bénéficier d'une croissance économique forte.
2. Bénéficier d'une inflation forte, qui érode la valeur réelle de dette (la fameuse 'euthanasie des rentiers' dont nous parlait Keynes). D'après Aizenman et Marion, 4 ans d'inflation à 6% réduiraient le ratio de 20%.
3. Augmenter les prélèvements obligatoires.
4. Faire défaut sur une partie de la dette.
La dépendance à l'égard de la politique budgétaire chinoise et la menace du W
Une étude de l'INSEE de mars 2010 (Lalanne et Mauro (2010)) nous laisse craindre que le scénario du W, dû à des mesures de restrictions budgétaires trop hâtives, soit le plus probable.
L'étude montre qu'une cause importante de la reprise amorcée dans les pays développés au 2e trimestre 2009 est l'effet de la reprise économique dans les pays du Sud-est asiatique. En France, comme dans l'ensemble des pays européens à l'exception de l'Allemagne, la dépendance de l'activité vis-à-vis des exportations vers l'Asie est assez faible, comparativement par exemple aux Etats-Unis et au Japon. Pourtant, la reprise de l'Asie émergente expliquerait, aux 2e et 3e trimestres de 2009, 0.35 point de croissance du PIB par trimestre.
Or, toujours selon cette étude, l'effet de la reprise asiatique sur la croissance des pays développés est largement dû aux politiques de relance menées dans ces pays, notamment en Chine. Ainsi, "si les importations asiatiques avaient crû au même rythme qu’entre 2003 et 2007, l'Asie émergente n'aurait tiré la croissance française qu'à hauteur de 0,1 point environ par trimestre."
Si chaque pays venait à mener des politiques plus restrictives, la menace de récession ne viendrait pas seulement des effets de ces politiques sur la demande intérieure mais aussi, voire surtout, des effets combinés de ces politiques sur la demande au niveau mondial, donc sur les exportations de chaque pays. De même que la relance doit être coordonnée dans un contexte de mondialisation, la levée des politiques de relance doit également être menée de manière concertée, et non précipitée...
Crise grecque, politiques de rigueur et menace du W : çà se précise (mai 2010)
Dans les années 1930, on constate, en s'appuyant sur l'exemple des Etats-Unis, qu'il avait fallu environ quatre ans pour passer de la relance (1933) à la restriction (1937). Aujourd'hui, l'Europe décide d'accélérer le rythme. A peine les politiques de relance sont-elles mises en œuvre que les politiques de rigueur leur succèdent.
L'attaque spéculative contre la Grèce au printemps 2010 a constitué l'événement déclencheur incitant les gouvernements européens à passer d'un discours faisant du déficit public un mal nécessaire en temps de crise à un autre mettant l'accent sur le caractère insoutenable de la dette publique, voire les menaces de faillite des Etats et d'éclatement de la zone euro.
Le tableau des plans de rigueur
Après le tableau des plans de relance, voici donc le tableau des plans de rigueur. Voir aussi les graphiques proposés par Le Monde.
Pays | L'état des Finances Publiques | Mesures |
|
Conséquences sur le PIB et le chômage |
Espagne |
2009 : déficit public de 11.2% du PIB, dette publique de 53.2%. | Janvier 2010 : 1er plan (objectif : déficit à
3% en 2013). Mesures : gel des embauches dans la fonction
publique, baisse des indemnités de licenciement, un report de l'âge de
départ à la retraite de 65 à 67 ans et une hausse de la TVA.
Mai 2010 : Nouvelles mesures sous la pression de Bruxelles : baisse de 5 % du salaire des fonctionnaires dès juin, suppression de la revalorisation automatique des retraites et fin d'une prime à la naissance. Septembre 2010 : Projet de Budget 2011. Baisse des dépenses de l'Etat de 7.9%. Hausse de l'impôt sur les revenus élevés : 1 point (revenus > 120000 €) et 2 points (revenus > 175000 €) |
José Luis Rodriguez Zapatero, Président du gouvernement espagnol |
à venir... |
Grèce |
2009 : déficit public de 13.6% du PIB, dette publique de 115.1%. |
Mars 2010 : plan d'économies de 4.8 mds €
Mai 2010 : plan de réduction du déficit (objectif : 3% en 2014) en contrepartie du plan d'aide de 110 mds € (FMI + UE). Mesures : gel des salaires dans la fonction publique jusqu'en 2014, suppression des 13e et 14e mois et d'autres primes pour les fonctionnaires touchant des hauts salaires, baisse des retraites de 7 % en moyenne couplée à un report de l'âge de départ à la retraite, hausse de taxes sur les carburants, l'alcool et le tabac et une hausse de la TVA (de 21 à 23 %) |
Manifestations en Grèce |
à venir... |
Irlande |
2009 : déficit public de 14.3% du PIB, dette publique de 64%. |
2009 : 2 plans de rigueur successifs (objectif : économies de 3 à 4 mds € et déficit inférieur à 12% du PIB en 2010). Mesures : allocations sociales réduites, même pour les chômeurs, réductions de salaires des fonctionnaires allant de 5 à 15 % (le premier ministre, Brian Cowen, réduit son propre salaire et celui de ses ministres de 15 %), mise en place d'une taxe carbone et une taxe sur l'eau, hausse générale des impôts sur le revenu. |
Manifestation en Irlande |
à venir... |
Portugal |
2009 : déficit public de 9.4% du PIB, dette publique de 76.8%. |
2010 : annonce d'un gel des salaires dans la fonction publique, suppression de certaines allocations, vaste plan de privatisation dans les transports, l'énergie, les assurances et la poste, report d'investissements publics (nouvel aéroport de Lisbonne...), nouvelle tranche d'imposition à 45 % pour les revenus supérieurs à 150 000 euros par an. Mesures additionnelles : hausse exceptionnelle de l'impôt sur le revenu (jusqu'à 1,5 %) et sur les bénéfices (jusqu'à 2,5 %), hausse de la TVA d'un point, à 21 %, surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises supérieurs à 2 millions d'euros et sur les plus hauts salaires de la fonction publique, baisse de 5% des rémunérations des élus et des membres du gouvernement. |
Tacle sévère sur Cristiano Ronaldo |
à venir... |
France | 2009 : déficit public de 7.5% du PIB, dette publique de 78.1%. | Mai 2010 :
annonce d'un gel des dépenses pour les trois ans à venir, de coupes dans
les niches fiscales et d'une baisse du train de vie de l'Etat,
abandon de mesures sociales adoptées en 2009 face à la crise. Budget 2011 : mesures d'austérité concernant notamment les niches fiscales (déductions ISF-PME ramenée de 75 à 50%...), la taxe Google (taxe de 1% sur les achats de publicité en ligne)... |
Patrick Devedjian, nommé en décembre 2008 Ministre chargé du plan de relance. A quoi va-t-il servir désormais ? |
à venir... |
Italie | 2009 : déficit public de 5.3% du PIB 2010 : dette publique à 118% du PIB |
Juillet 2010 : vote d'un plan d'économies budgétaires de 25 mds € pour 2011 et 2012 : gel sur trois ans des salaires des fonctionnaires, baisse de 10% des budgets des ministères, réduction du train de vie de l'Etat... Objectif : déficit à 2.7% en 2012 |
Réduction du train de vie de l'Etat |
à venir |
La place de l'Etat dans l'économie
Un autre enjeu de la sortie de crise, de nature structurelle et institutionnelle celui-ci, concerne la place que l'Etat est amené à prendre dans l'économie à l'avenir.
Depuis le début des années 1980, la tendance est au retrait de l'Etat (privatisations, déréglementation, libéralisation). Or, la crise financière et économique a amené l'Etat a prendre part au capital de nombreuses entreprises (banques mais aussi entreprises industrielles comme General Motors aux Etats-Unis). Cette montée de l'Etat dans l'économie n'est-elle qu'éphémère, le retour 'à la normale' s'effectuant avec la fin de la récession ? Où, marque-t-elle une rupture dans l'idéologie dominante et annonce-t-elle le retour d'une période d'interventionnisme, comparable à celle qui a suivi la crise de 1929 ?
- Chen, P. (2009), "From an Efficient to a Viable International Financial Market". Ce spécialiste des dynamiques non-linéaires montre l'incapacité de l'analyse en termes de marchés efficients à expliquer la crise et propose des solutions pour limiter l'instabilité financière. Cela m'a l'air génial mais je n'ai pas tout compris ; il faudra que j'y consacre davantage de temps. D'autres articles de Ping Chen (notamment une critique des travaux de Lucas et de la Théorie des Cycles Réels) sont disponibles sur sa Homepage.
- Galbraith, James K. (2010), "Mais qui sont donc ces économistes ? Retour sur ceux qui avaient donné l’alarme sans être entendus", La Vie des Idées. Une réaction à un article de Paul Krugman paru dans le New York Times. Galbraith fils y dénonce les mainstream economists et le peu d'audience qu'ont les économistes hétérodoxes, seuls à avoir prédit la crise. Voir également les informations supplémentaires qui accompagnent l'article sur le site de La Vie des Idées.
- Orléan, A. (2009), De l'euphorie à la panique : penser la crise financière, Editions de la Rue d'Ulm, coll. 'Cepremap', 2009. En une soixantaine de pages, André Orléan décrit et explique le gonflement de la double bulle (immobilière et du crédit). Une vingtaine de pages sont alors consacrées à l'éclatement de la bulle et à la propagation de la crise bancaire et financière.
Extraits de la conclusion :
"L'évolution financière depuis 2006 jusqu'à aujourd'hui se lit comme un processus de diffusion de la défiance et d'auto-entretien de celle-ci, voire d'autoréalisation. Le système financier n'a dû sa survie qu'à l'intervention musclée des autorités publiques, intervention rendue possible parce que ces autorités ont des finalités propres qui ne sont pas, justement, d'ordre financier."
"On peut réglementer les innovations [financières], accroître la transparence, cela ne changera rien car c'est le mécanisme concurrentiel [la hausse des prix engendrant la hausse de la demande] qui incite les investisseurs à l'aveuglement."
- Villion, J. (2008a), "Les subprimes (1) : de la bulle à la crise financière", Ecoflash, n°231, octobre 2008.
- Villion, J. (2008b), "Les subprimes (2) : lutte contre la crise financière et réglementation", Ecoflash, n°232, novembre 2008.
- Villion, J. (2008c), "Les subprimes (3) : crise économique et solutions", Ecoflash, n°233, décembre 2008.
- Le site officiel sur la stabilité financière aux Etats-Unis : www.financialstability.gov
- Les leçons à tirer des crises financières : entretiens avec André Orléan et Pierre-Cyrille Hautcoeur aux Journées de l'Economie 2010 : www.laviedesidees.fr/Les-lecons-a-tirer-des-crises.html